L'EN juniors a été malmenée par son homologue ivoirienne, accentuant le marasme que vit le football algérien. La déroute des juniors algériens devant leurs homologues ivoiriens repose de façon crue le problème de la relève et de la formation en Algérie. Il ne faut pas se cacher la vérité, nous n'avons plus d'équipes nationales de quelque catégorie que ce soit. Les Juniors algériens, premiers sur le pont dans le cadre des éliminatoires africaines, qui ont subi une humiliante défaite à Blida, n'ont à aucun moment fait le poids face à des Eléphanteaux ivoiriens supérieurement organisés. Il y avait non seulement pas d'équipe d'Algérie sur le terrain, mais onze joueurs déconnectés totalement perdus sur le gazon de Blida. Mais faut-il en fait s'en étonner quand, durant des années, on s'est contenté de colmater les brèches sans remettre en question une organisation nationale de la pratique footballistique qui ne répondait plus aux critères de performance? Il ne s'agit pas d'accabler des jeunes qui n'en peuvent plus mais...Cependant, le constat est là, et le 3-0 face à la Côte-d'Ivoire atteste bien du retard pris par la formation algérienne qui n'aura fait illusion que le temps de donner aux Ivoiriens l'occasion de prendre leurs marques. Le bureau fédéral de la FAF, avec à sa tête le président Raouraoua, assista à la débâcle d'une formation considérée comme l'antichambre de l'équipe A. Maintenant, les dirigeants du football national vont-ils saisir cette opportunité en assumant leurs responsabilités, par la prise, enfin, de décisions à la hauteur des impératifs de restructuration et de requalification que réclame le football algérien? Rien de moins sûr, tant l'inertie qui travaille en profondeur les arcanes dirigeantes du football constitue, pour le moment, un obstacle quasi infranchissable. En effet, comment espérer un sursaut lorsque le football est phagocyté par les intérêts des clubs? Pouvait-il en être autrement lorsque une affaire (CAB-MCA) relevant de la pratique normale de la commission de discipline est devenue une affaire d'Etat? C'est celle-là la faille, et autres passe-droits, qui ont plongé le football algérien dans une impasse d'où il n'arrive pas à s'extirper. Contrairement à ce que croient d'aucuns, ce n'est nullement une question de système de compétition, mais bel et bien une affaire de respect des règlement, de la pratique footballistique, de même que de l'absence de véritable contrôle de la part des instances dirigeantes du football national. Un championnat médiocre, où le tout-venant peut participer, ( sous d'autres cieux, un club, même s'il termine premier, ne peut accéder au championnat d'élite s'il ne dispose du minimum prévu par les règlements) et la permanence d'une équipe nationale sans envergure, incapable de défendre sa place au niveau africain. Les clubs algériens, (depuis les NAHD, MCO, MCA, notamment, des années 70), n'ont plus rien produit de positif depuis deux décennies et le football algérien vit toujours à l'ombre de la performance des équipes juniors de 79 et seniors de 82. A part ces participations sus-citées et celle de 86 au Mexique, combien de fois les EN ont pris part aux Championnats du monde de leur catégorie? L'EN cadette brille par son inconsistance, et n'arrive même pas à se qualifier pour la CAN de sa catégorie. L'EN Juniors, depuis sa participation au mondial japonais de 1979, a disparu ne parvenant plus à assurer une place aux championnats africains. L'équipe nationale a fait du surplace et ne parvient pas à dépasser le syndrome 82, après avoir sombré corps et biens au Mexique en 1986. Mais ces équipes nationales, qu'ont-elles derrières elles? Où sont les centres de formation, les écoles de football, les centres de proximité et les ‘'managers'' appelés à détecter les futurs talents du ballon? Tout cela n'existe pas et constitue une simple vue de l'esprit tant les priorités de nos dirigeants du football (cela englobe autant les responsables de la fédération et de la ligue que ceux des clubs) sont ailleurs. Mais la première faille c'est encore et avant tout l'absence d'un championnat national fort et structuré avec des clubs capables de dépasser leurs intérêts particuliers pour celui général des équipes nationales. Cependant, cela est-il possible quand des dirigeants se permettent de dilapider l'argent du contribuable, quand les clubs ont aujourd'hui une fonction budgétivore prononcée sans rapport avec la construction de véritables assises du club professionnel, quand le premier joueur sachant taper dans une balle exige au minimum 300 millions pour accoler sa signature au bas d'un contrat? En fait, ce sont les moeurs du football algérien qui demandent à être amendées, pour instaurer la rigueur de gestion qui fera que seuls les clubs méritants disposant d'une politique claire de formation, d'une infrastructure de qualité, de structures dirigeantes saines et d'un budget indépendant conséquent (hors subventions) soient autorisés à évoluer dans le palier de la performance. Mais nous n'en sommes pas là, et la politique à petite vue a encore de beaux jours devant elle, à moins que MM.Raouraoua et Mecherara sachent, enfin, frapper sur la table en imposant les normes partout ailleurs en pratique dans le monde. Ils ont pu constater, de visu, à Blida le fossé qui sépare nos juniors de ceux de la Côte-d'Ivoire, pourtant loin de disposer des moyens de l'Algérie.