Le directeur demande le dinar symbolique. En l'absence d'esprit de civisme, de patriotisme, où l'aspect de la citoyenneté fait encore largement défaut au sein de notre société, ce tribunal criminel se trouve réellement confronté à de sérieuses difficultés, à l'effet de se prononcer sur son verdict final, où seule l'intime conviction prédomine. Si lors d'une session criminelle, la plupart des procès font frémir et parfois rire, il n'en demeure pas moins que d'autres se caractérisent par des particularités relevés lors des débats et qui donnent à réfléchir. A titre d'illustration, la fameuse affaire dite de la Snta de Mostaganem, qui n'a cessé de susciter moult interrogations, jugée par le tribunal criminel, siégeant en deuxième session près la Cour de Mostaganem, a suscité l'étonnement du président, de l'assistance dans la mesure où le directeur de la Snta a affirmé au tribunal que: «L'entreprise n'a subi aucun préjudice, et que les 10.000 cigarettes, le papier d'emballage Afras, ce papier aluminium et des centaines de timbres fiscaux trouvés au domicile de l'accusé principal G.Habib, n'appartiennent pas à l'unité, d'ailleurs, il se pourrait que ces cigarettes proviennent des chutes, car sur une production de 200.000 paquets par jour, nous enregistrons une chute de 4 à 7%. En outre, nous remettons 2 paquets quotidiennement aux 200 travailleurs de l'unité.» Le directeur en question voulait insinuer au tribunal, que la quantité de tabac découverte chez G.Habib est insignifiante. Etonné le président déclara: «Durant toute sa carrière, c'est la première fois qu'il entend de telles déclarations», de la part d'un responsable, censé défendre l'intérêt de l'Etat, des travailleurs et du contribuable. Les faits remontent au 12 février 2002, quand les services de la gendarmerie à la suite d'une perquisition au domicile de G.Habib avait découvert le pot aux roses, une petite Snta parallèle dans la localité de Hassi-Mamèche à 9 km du chef-lieu de Mostaganem. Lors de l'enquête préliminaire, l'individu avoue que son principal fournisseur et complice n'est autre que le chef de sécurité de l'entreprise, le nommé R.Benattia. A la barre, les deux accusés racontent leur propre scénario et réfutent catégoriquement les faits qui leur sont reprochés, d'ailleurs, ils affirment ne pas se connaître, et n'avoir aucune relation. G.Habib déclare avoir acheté ce tabac chez une tierce personne. En revanche, R.Benattia, imperturbable, maintient ses déclarations, mettant en exergue ses 22 ans de carrière sans tache, ni faille. D'où proviennent les 50 millions dans votre compte bancaire? demanda le président. Ils appartiennent à ma soeur, répliqua l'accusé. Les biens immobiliers que vous possédez? A ma famille, répond Benattia. Le comble de l'ironie, à l'issue des débats, ce directeur demande le dinar symbolique pour le préjudice moral causé. Le ministère public requiert 10 années de réclusion. Quant à la défense, à défaut de plainte du directeur, de ses déclarations mi-figue mi-raisin, elle a plaidé en toute sérénité au vu des arguments, voire du témoignage du directeur. Le verdict final: 2 ans de prison avec sursis pour B.Kaddour et 1 année avec sursis pour G.Habib. A noter qu'il n'est un secret pour personne que l'unité Snta de Mostaganem suscite beaucoup de questionnements, elle ne cesse de constituer une source de richesses pour les affairistes véreux, les trabendistes, où les complications ne sont pas à écarter. Ce procès est resté sur un goût d'inachevé, en ce sens que la direction ne s'est pas portée partie civile, ce qui laisse beaucoup de questions en suspens.