Des insurgés islamistes, lourdement équipés d'armes automatiques et de grenades, ont ouvert le feu samedi sur les forces de sécurité. Six soldats et quatre assaillants ont été tués dans une attaque menée hier par des hommes armés contre le quartier général de l'armée pakistanaise près d'Islamabad, au lendemain d'un attentat suicide dans le nord du pays, récemment touché par des attentats sanglants des taliban. Des insurgés islamistes, lourdement équipés d'armes automatiques et de grenades, ont ouvert le feu hier sur les forces de sécurité à l'entrée du quartier général de l'armée à Rawalpindi, près de la capitale Islamabad. «Les terroristes portaient des uniformes militaires et étaient équipés d'armes sophistiquées et de grenades», a déclaré le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée, à la télévision Geo. «Les assaillants sont arrivés à bord d'un véhicule et ont ouvert le feu à un premier poste de contrôle. Ils ont été stoppés, nous contrôlons la situation», a-t-il ajouté. «Six soldats ont été tués dans l'attaque», a précisé son adjoint, le colonel Attique ur-Rehman. Alors que les échanges de tirs ont duré environ une heure et demie, les forces de sécurité avaient rapidement encerclé la zone, survolée par des hélicoptères de combat, selon des responsables de la police. Les assaillants étaient au moins six, a indiqué un autre responsable de l'armée. «Quatre ont été tués, il en manque deux qui sont recherchés», a-t-il ajouté, attribuant l'attaque aux taliban pakistanais, liés à Al Qaîda. Le Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP) a revendiqué mardi l'attentat suicide qui a tué lundi cinq employés de l'ONU dans leurs bureaux à Islamabad. Le TTP, qui a fait allégeance à Al Qaîda, est le principal responsable de la vague d'attentats qui a fait près de 2 200 morts au Pakistan en un peu plus de deux ans. Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani a vivement condamné cette attaque, dans un communiqué. Elle intervient au lendemain d'un attentat suicide à la voiture piégée, sur un marché bondé de Peshawar, ville du nord-ouest du Pakistan récemment touchée par des attentats sanglants des taliban liés à Al Qaîda, qui a fait 52 morts et une centaine de blessés, selon un dernier bilan. Il s'agissait du sixième attentat en quatre mois à Peshawar, la tentaculaire capitale de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (Nwfp), non loin des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, où l'armée a lancé récemment des offensives contre les taliban pakistanais et leurs alliés étrangers d'Al Qaîda. Ces attentats ont, pour la plupart, été revendiqués par le Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), qui combat le gouvernement et l'armée d'Islamabad, qu'il accuse de s'être alliée depuis fin 2001 à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme». Récemment, le nouveau chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a juré de multiplier les attaques contre «l'Amérique et le Pakistan» pour venger la mort de son prédécesseur Baïtullah Mehsud, tué le 5 août dans un tir de missiles guidés américains. Ce nouvel attentat survient après que l'armée, sous la pression des Etats-Unis, a lancé récemment des offensives dans cette zone frontalière de l'Afghanistan. Ce regain de violences intervient alors que Barack Obama, qui s'est vu décerner vendredi le prix Nobel de la paix, a lancé un vaste réexamen de la stratégie américaine en Afghanistan, huit ans après l'intervention militaire qui a chassé du pouvoir les taliban alliés à Al Qaîda après les attentats du 11 septembre 2001.