«Mâak yal Khadra, ndirou hala.» La rencontre d'aujourd'hui passionne tous les Algériens. La ville des Roses est en vert. Les contours d'une ambiance festive se dessinaient depuis quelques jours déjà. Des défilés à coups de klaxon et de youyous durent jusqu'à des heures tardives de la nuit. Les rues, elles, sont parées d'emblèmes aux couleurs de l'Equipe nationale alors que les posters de Rabah Saâdane et compagnie sont placardés sur les devantures des magasins et les portes d'immeubles. Des bus et des véhicules bondés affluent depuis quelques jours de toutes les wilayas du pays. Venus d'Alger, Tizi Ouzou, Médéa, Boumerdès, Chlef et même de Laghouat, Béjaïa et Annaba, les supporters sont réunis autour d'un même objectif:soutenir El Khadra jusqu'à la fin. «Pour rien au monde je ne raterai cet évènement. Cela fait une semaine déjà que les réjouissances ont commencé et de la musique d'ambiance émane de partout. Les supporters promettent de fêter comme il se doit nos Fennecs. C'est très beau à vivre», confie Hatem avec un fort accent de l'Ouest. Venu de M'cid (Sidi Bel Abbès), ce jeune de 24 ans avoue que cela fait une dizaine de jours qu'il a fait le déplacement à Blida. Hébergé chez des cousins, il a improvisé un étal pour vendre aux supporters des maillots, des drapeaux et des pétards. Si Hatem a trouvé où loger, ce n'est pas le cas pour des dizaines et des centaines d'autres supporters. Arrivé de Chlef jeudi dans l'après-midi avec un groupe d'amis, Yacine avoue sans gêne: «On va passer la nuit dans un hammam comme lors des rencontres face à l'Egypte et à la Zambie. Pour nos idoles, on est prêts à tout.» D'autres encore déclarent que «passer la nuit à la belle étoile ne nous dérange nullement. Les températures sont tolérables et de nombreux citoyens nous offrent généreusement à boire et à manger. Aujourd'hui, on passera la nuit près du stade, surtout que les portes de ce dernier s'ouvriront aujourd'hui à partir de 14h. Pourvu que l'Algérie gagne!». A quelques pas de là, quatre copines discutent à bâtons rompus autour de l'un de ces «vendeurs occasionnels». «Si jamais les Verts l'emportent, je promets de la temina pour tous», soutient Naciba, 17 ans, vêtue d'un survêtement et une casquette aux couleurs nationales. Et Samia de renchérir: «Quant à moi, je pense dès lors organiser une petite fête dans notre lycée pour célébrer la victoire.» Plus lucide, Nihad dira: «Vous parlez comme si notre équipe a déjà joué et gagné. Patientez jusqu'à la fin de la rencontre. Pour l'instant, on ferait mieux d'acheter le maximum de drapeaux.» En effet, ce quatuor, fou amoureux de la balle ronde, a pris l'initiative d'acheter des emblèmes pour les distribuer aux élèves de son lycée. Tous les moyens sont bons pour exprimer son soutien à une équipe grandie par ses victoires successives face à l'Egypte, et à la Zambie. Koceïla, arrivé de France mardi dernier, signale être venu spécialement pour assister à «cette dispute historique des Fennecs devenus depuis leur victoire sur l'Egypte de véritables lions». Selon lui, «c'est le moment ou jamais de se mobiliser autour de nos joueurs pour les motiver et les acclamer». Laissant Koceïla et ses pairs, rendez-vous est pris à 21h au centre-ville de Blida. D'interminables cortèges de voitures sillonnent les rues et les boulevards. C'est à qui donnera le plus grand nombre de klaxons. La file va grossissante au fil des minutes et se dirige vers le terrain vague de la gare routière mitoyenne du stade Mustapha-Tchaker. «C'est ici que nous nous rencontrons chaque soir depuis quelques jours, en foule délirante pour scander des slogans, chanter et danser à la victoire d'El Khadra. On attend ce match avec une impatience indescriptible», raconte un jeune Blidéen. Cependant, rationnel, il évoque un fait qui pourrait troubler l'atmosphère bon enfant. Le maximum de vigilance est de rigueur car, d'après lui, «des Egyptiens déguisés en supporters algériens se préparent à semer le trouble. Ils vont tout faire pour que la Fifa sanctionne l'Equipe algérienne». Dans ce décor de fête que tout le monde souhaite vivre après la rencontre, trente-six millions de coeurs battront la chamade pour Antar Yahia, Lounès Gaouaoui et leurs coéquipiers. Bon vent!M. S.