C'est incontestable, l'équipe au pouvoir sait dépenser l'argent. En infrastructures, en audits, en salaires, en importations de biens d'équipement, en subventions alimentaires, pour indemniser les victimes, réparer les dégâts ou calmer les esprits. Mais elle ne sait pas en gagner. Comme l'a rappelé le Président à Tlemcen, venu inaugurer de nouveaux édifices et donc dépenser encore de l'argent, si le pétrole baisse, c'est la catastrophe. C'est-à-dire que les milliards de dollars dépensés dans le cadre du plan de relance économique n'ont pas servi à grand-chose puisque quelques années après, tout dépend encore des mêmes hydrocarbures découverts dans les années cinquante, le pays s'étant révélé incapable de produire, emballer, étiqueter et exporter autre chose. Pour les économistes algériens, la question s'est posée, après la facture : qu'aurait-on pu faire d'autre avec ces 100 milliards de dollars injectés dans l'économie qui n'ont pas réussi à faire baisser la dépendance au pétrole ? Investir dans des fonds souverains, des bons du Trésor américain, acheter des actions Djezzy, prêter aux pauvres ? Pourquoi, avec 100 milliards de dollars, l'économie ne décolle-t-elle pas, alors qu'avec cette somme, il y a de quoi fabriquer un pays de nouveau, ex nihilo, à partir d'un désert de solitude ? La réponse est quelque part dans le système, dans les hommes qui le gèrent, dans les réseaux qui pillent et dans l'intelligence et l'imagination, produits non importables qui ont tous deux déserté les bancs du régime. Savoir dépenser de l'argent est à la portée de n'importe qui. Savoir en gagner requiert du savoir. Abdelhamid Temmar, qui vient encore de dépenser des milliards dans un nouvel audit pour comprendre pourquoi les entreprises économiques ne fonctionnent pas, devrait un jour nous expliquer pourquoi il dépense autant d'argent pour savoir pourquoi il en dépense autant.