Le nouveau président américain a surtout à coeur d'obtenir le soutien de Moscou sur les deux fronts majeurs de sa politique étrangère, l'Iran et l'Afghanistan. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est félicitée hier des progrès dans les relations russo-américaines, au début d'entretiens à Moscou destinés à mesurer l'ampleur du soutien russe dans le dossier nucléaire iranien. Mme Clinton, qui effectue sa première visite en Russie en tant que chef de la diplomatie américaine, a regretté de n'avoir pu accompagner le président Barack Obama en juillet à Moscou en raison d'une fracture au coude. «Maintenant et mon coude et notre relation avec la Russie ont pris un nouveau départ et nous avançons, ce dont je me félicite», a-t-elle déclaré au début d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Barack Obama s'est attaché à relancer les relations avec Moscou après de vives tensions, aux relents de guerre froide, sous son prédécesseur George W.Bush. Le nouveau président américain a surtout à coeur d'obtenir le soutien de Moscou sur les deux fronts majeurs de sa politique étrangères, l'Iran et l'Afghanistan. Selon un responsable américain, Mme Clinton, qui devait rencontrer hier le président Dmitri Medvedev, va demander «quelles formes précises de pressions la Russie est prête à exercer», au côté des Occidentaux, «si l'Iran ne remplit pas ses obligations». En septembre, M.Medvedev a certes réjoui Washington en admettant que des sanctions étaient parfois «inévitables», mais la Russie n'a pour l'heure pas clairement dit si elle était prête à s'y rallier. Les pays occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément. Le 1er octobre à Genève, l'Iran s'est engagé à ouvrir son nouveau site d'enrichissement d'uranium, près de Qom (centre), aux inspecteurs internationaux et à «intensifier» les négociations avec les grandes puissances pour garantir le caractère pacifique de son programme. Mme Clinton a averti dimanche que la communauté internationale «n'attendrait pas indéfiniment» que Téhéran remplisse ses obligations. A Moscou, elle fera le point sur la réunion prévue le 19 octobre à Vienne entre l'Iran, les Etats-Unis, la France et la Russie concernant un possible enrichissement d'uranium iranien à l'étranger. Elle devrait par ailleurs, proposer à la Russie de participer au nouveau projet de bouclier antimissile américain en Europe, affirme hier le quotidien russe Kommersant, citant un conseiller du président américain, Michael McFaul. De quoi rassurer peut-être la Russie qui réclame des «éclaircissements» sur ce projet, après avoir applaudi à l'abandon de l'ancien. Les négociations sur un nouvel accord de désarmement nucléaire, qui doit remplacer le traité Start arrivant à expiration le 5 décembre, seront aussi à l'ordre du jour. Mme Clinton, qui a critiqué l'impunité des meurtriers de la journaliste Anna Politkovskaïa, devait rencontrer hier des représentants de la société civile, dont la militante des droits de l'homme Lioudmila Alexeeva. Selon Kommersant, M.McFaul a laissé entendre que les Etats-Unis n'allaient plus donner de leçons de démocratie à la Russie, mais «se concentrer sur le travail pratique avec les ONG russes». «Nous sommes parvenus à la conclusion qu'il est nécessaire de renoncer aux anciennes méthodes qui ont compliqué la coopération russo-américaine», a-t-il déclaré. Mme Alexeeva a regretté d'avance le virage annoncé par M.McFaul: «Si l'Amérique dit (...) ´´construisez chez vous ce que vous voulez, nous n'avons pas à vous expliquer ce qu'est la démocratie, l'autoritarisme´´, c'est très regrettable», a-t-elle réagi sur la radio Echo de Moscou.