Le marché de l'armement algérien suscite les convoitises des grandes puissances. L'Algérie ne laisse personne indifférent. La rumeur s'est répandue comme une traînée de poudre. Dans le cadre de la modernisation de sa défense, l'Algérie veut acquérir de nouveaux équipements militaires, notamment des frégates et des hélicoptères. Depuis, Allemands, Américains, Britanniques, Français, Italiens, et Russes se bousculent au portillon. C'est à qui décrochera le marché de modernisation de l'Armée nationale populaire (ANP). Ces contrats concerneraient l'achat d'une dizaine de frégates et d'une centaine d'hélicoptères. Certains parlent d'un marché de 2 milliards de dollars. D'autres avancent le chiffre de 5 milliards de dollars allant jusqu'au chiffre mirobolant de 11,6 milliards de dollars. Des chiffres qui donnent une idée de l'importance de l'enjeu que représente le marché algérien de l'armement au point de faire saliver beaucoup de marchands d'armes et leurs gouvernements, soucieux de faire tourner leur complexe militaro-industriel. Un pactole suffisamment consistant pour mettre en appétit le français Dcns, l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems, le britannique BAE Systems, l'espagnol Navantia, l'italien Fincantieri, sans compter les Russes. Un marché qui ne laisse pas indifférentes les grandes puissances mondiales. La venue à Alger du ministre britannique de la Défense, Bob Ainsworth, à la tête d'une forte délégation, le confirme. Lors de cette visite, il est attendu la négociation d'un accord pour la fourniture d'hélicoptères pour l'ANP et de frégates pour la marine algérienne. Selon le Sunday Times, l'Algérie négocie actuellement l'achat de 80 appareils de vol dont 40 hélicoptères Merlin pour un contrat de 5 milliards de dollars. Jusqu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, les responsables algériens n'ont fait aucun commentaire sur la question, laissant le soin à la presse spécialisée de spéculer sur le nom de la firme à même de remporté le jackpot. Certaines sources, proches du dossier, assurent même que l'italien Fincantieri aurait remporté le contrat des frégates provoquant un haut-le-coeur chez les Français. Cette information fait suite à une visite qu'aurait effectuée en Italie une délégation de hauts responsables du ministère algérien de la Défense nationale au mois de septembre dernier. Au cours de son séjour en terre italienne, la délégation algérienne aurait visité les chantiers de Fincantieri, situés près de Gênes, où sont fabriquées les fameuses frégates Fremm de 5800 tonnes. La délégation se serait aussi entretenue avec Salvatore Reja, un haut responsable de la marine italienne. Selon les mêmes sources, le choix des Italiens se serait fait à la suite de la rencontre entre le Président Bouteflika et le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, en marge de la 64e session de l'ONU. En outre, et contrairement aux Français, les Italiens seraient prêts à un transfert de technologie. En effet, l'Algérie aurait exigé dans le cahier des charges de réceptionner deux frégates à l'état fini et la construction des deux autres au niveau du chantier naval algérien de Mers El Kebir pour matérialiser le transfert de technologie. A ce sujet, le quotidien français, La Tribune, rapportait jeudi, que le n°1 mondial des hélicoptères Eurocopter est sur le point de perdre un mégacontrat de plus de 70 appareils en Algérie, au profit du groupe italien AgustaWestland. Interrogée par le quotidien, la filiale d'Eads a reconnu que l'espoir de sortir vainqueur de cette compétition, qui dure depuis plus de deux ans, était mince. Pourtant, les Français veulent croire que les jeux ne sont pas encore faits. Le site français «Mer et Marine» affirme que les Français ne considèrent pas le marché perdu. Hervé Morin, ministre français de la Défense, a réaffirmé, le 8 octobre dernier, que l'Algérie figurait parmi les pays potentiellement intéressés par l'achat de frégates françaises. Dans l'hypothèse que rien n'a encore été conclu, cela signifie que les autres prétendants, Allemands, Russes, Espagnols, Britanniques, voire Américains, sont toujours dans la course. L'année dernière, l'Algérie a dépensé 2,4 milliards de dollars pour renouveler les équipements de ses forces armées terres-tres. Cependant, toutes ces puissances industrielles, si elles restent prêtes à investir dans l'armement militaire qui leur rapporte de juteux bénéfices, demeurent cependant réticentes sur le plan économique. En effet, les investisseurs étrangers boudent toujours l'Algérie.