Pris de court, devancés par les faucons de George W. Bush, les Français reviennent à la charge. Le nucléaire algérien suscite les convoitises des grandes puissances désireuses de placer leurs billes. D'autant plus que l'Algérie envisage de développer son programme nucléaire, alors, cela ne laisse personne indifférent, alors bonjour Alger! Cerise sur le gâteau, le sous-sol algérien recèle environ 56.000 tonnes d'uranium selon diverses expertises. Si l'on mesure qu'une boulette d'uranium équivaut à l'énergie qu'on peut tirer de 5200m3 de gaz naturel, on a une idée de l'importance de l'enjeu que représente cette prodigieuse manne minière pour l'Algérie. En outre, l'Algérie veut aller de l'avant dans l'industrie d'uranium à vocation essentiellement énergétique. Dans le même ordre d'idées, l'Algérie, selon Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, n'exclut pas le développement de l'électronucléaire d'autant que la production de l'électricité algérienne dépend à 100% du gaz. Sur un autre plan, le développement de l'électronucléaire permettrait à l'Algérie de préparer l'après-pétrole, d'une part, et confirmer sa position d'important fournisseur de l'Europe en matière d'énergie, d'autre part. L'électricité produite à base d'uranium, dont une partie devrait servir à faire tourner les usines de dessalement d'eau de mer à construire, devrait être acheminée par voie de câbles marins pour alimenter certains pays d'Europe en mal d'approvisionnement. Dépendante du gaz du Nord (Norvège) et de la Russie, l'Europe cherche, ainsi, à diversifier ses fournisseurs potentiels et, à ce titre, l'Algérie se trouve en excellente position.. Mais pour ce faire, l'Algérie a besoin de mettre à niveau et à moderniser ses installations comme de construire de nouveaux équipements plus en phase avec son ambitieuse politique énergétique. «A long terme, nous allons travailler dans ce sens pour développer et générer de l'électricité à base de nucléaire et on peut le faire avec tous ceux qui seraient désireux de le faire malgré les coûts d'investissement généralement très élevés», a souligné Chakib Khelil, en marge de la signature du protocole d'accord dans le domaine du nucléaire, paraphé avec les Américains au début du mois. Et depuis, on se bouscule au portillon. Après les Etats-Unis, c'est au tour de la France qui vient aux renseignements, à moins qu'elle ne veuille aussi proposer ses services. La Russie, la Chine et l'Iran sont également en course. En réalité, cet intérêt pour le nucléaire algérien doit mettre à l'aise les autorités qui prendront en compte les propositions qui serviront au mieux les intérêts de l'Algérie. En janvier 2007, un mémorandum de coopération algéro-russe dans le domaine nucléaire a été signé au cours d'une visite du ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, à Alger. En signant le même protocole d'accord avec les Américains Alger montre qu'elle reste disponible à écouter et à discuter afin d'instaurer un partenariat bénéfique pour toutes les parties. Dans ce contexte, il est tout à fait normal qu'Alger fasse jouer la concurrence. Pris de court, devancés par les faucons de George W.Bush, les Français retrouvent le chemin de la capitale algérienne. Une délégation française d'experts dans le domaine devait séjourner, prochainement, à Alger pour relancer la coopération. Cette activité de l'Algérie entre de plain-pied avec la préparation de l'après- pétrole. L'Europe aussi, qui a peur de la dépendance énergétique qui la guette au moment où la Russie hausse le ton. Dans ce contexte, l'Europe tente de diversifier ses approvisionnements énergétiques. La venue à Alger de la délégation française le confirme. A ne pas en douter, les ressources énergétiques algériennes ne laissent guère indifférents les Européens, et les Français en premier lieu. Le président français, Nicolas Sarkozy, n'avait pas été avare en détails, lors de la campagne présidentielle, sur la politique qu'il compte mener dans ce domaine en cas d'élection. Il est allé jusqu'à proposer aux responsables algériens une «aide, avant d'autres Etats, à développer son industrie nucléaire civile» en échange d'un «partenariat» dans le domaine gazier. Elu, Nicolas Sarkozy veut passer aux actes. L'Elysée serait favorable à la vente de centrales nucléaires françaises à l'Algérie. D'aucuns affirment même que le représentant de la firme Areva, spécialisée dans l'enrichissement d'uranium, ferait partie de la délégation devant accompagner le président français, Nicolas Sarkozy, lors de son voyage à Alger prévu le mois prochain. Les mêmes sources avancent qu'un contrat devrait être signé avant la fin de l'année entre l'Algérie et Areva. Mais pour ce faire, Areva tente un rapprochement avec Alstom qui vient de décrocher un contrat de 310 millions d'euros pour la livraison d'une centrale électrique à Relizane pour Sonelgaz. Il n'y a pas lieu, toutefois, de s'emballer et savoir attendre et voir.