Alors qu'au quatrième jour de l'offensive de l'armée les combats redoublent de férocité, deux nouveaux attentats ont secoué hier la capitale pakistanaise. Sept personnes, dont deux kamikazes, ont été tués hier dans deux attentats suicides quasi-simultanés dans l'université islamique d'Islamabad, a annoncé un responsable municipal, Rana Akbar Hayat. «Sept personnes, dont deux kamikazes, ont péri dans les deux explosions», a déclaré à la presse ce responsable. «Une femme fait partie des victimes. Vingt-neuf personnes ont aussi été blessées», a-t-il poursuivi. Un précédent bilan faisait état de deux tués, dont une étudiante. Les deux bombes ont explosé à quelques minutes d'intervalle vers 15h00 (10h00 GMT) dans l'université internationale islamique d'Islama-bad. Les enquêteurs de police ont confirmé qu'il s'agissait de deux attentats suicides «Nous avons des informations faisant état de deux morts et douze blessés dans les deux attentats», a déclaré un responsable de la police, Saqib Sultan. «Nous avons reçu le cadavre d'une étudiante âgée de 20 à 25 ans. Il y a 13 blessés, dont quatre sont dans un état critique. Nous avons aussi retrouvé des membres mutilés», avait auparavant indiqué le porte-parole de l'hôpital PIMs, le principal de la capitale, Altaf Hussein. «La première explosion a frappé le bâtiment de la faculté de loi islamique pour garçons. La seconde est survenue dans la cafétéria réservée aux femmes», a déclaré Qudrat Ullah, un étudiant présent sur place. «C'est la panique, les étudiants se précipitent pour donner leur sang, il y a beaucoup de policiers à l'intérieur des bâtiments», a-t-il poursuivi. Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague sans précédent d'attentats qui a tué près de 2 300 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al Qaîda. Des combats acharnés ont encore opposé hier l'armée aux insurgés islamistes au quatrième jour de l'offensive terrestre dans le Waziristan du Sud, principal bastion des talibans alliés à Al Qaîda, dans le nord-ouest du Pakistan. «Les forces de sécurité et les rebelles se sont affrontés toute la nuit dans des combats acharnés, au cours desquels 20 insurgés islamistes et quatre soldats ont été tués», a déclaré un haut responsable militaire sous couvert de l'anonymat. Un autre responsable militaire a également fait état des mêmes chiffres. Près de 100 rebelles et 13 soldats ont péri depuis le début de l'offensive terrestre samedi. Les chiffres livrés par l'armée ne peuvent jamais être vérifiés de source indépendante, les zones des combats étant inaccessibles. L'armée avait commencé à bombarder massivement le territoire des taliban dans le Waziristan du Sud en août, pour tenter de les «affaiblir». Environ 25.000 militaires sont engagés au sol dans cette opération, selon des officiers. Ils font face, selon divers experts, à environ 10.000 rebelles du TTP dans ce district, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers, essentiellement des militants d'Al Qaîda venus d'Asie centrale et du monde arabe. Islamabad est l'allié clé de Washington depuis fin 2001 dans sa «guerre contre le terrorisme». Les Etats-Unis estiment qu'Al Qaîda a reconstitué ses forces dans les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, mais aussi que les taliban afghans y ont installé des bases arrières, soutenus par les talibans pakistanais, issus de la même ethnie, les Pachtounes. Depuis août, les bombardements et la récente offensive terrestre, ont poussé plus de 110.000 civils à fuir le Waziristan du Sud pour se réfugier essentiellement dans les districts voisins de Dera Ismaïl Khan et de Tank, selon les autorités pakistanaises et l'ONU.