La menace terroriste prend des proportions inquiétantes au Pakistan, dont les dirigeants ont recouru à la solution extrême de fermer les établissements scolaires afin de limiter les dégâts, notamment humains, en cas d'éventuels attentats, après les derniers qui ont fait 185 morts. Le Pakistan a décidé hier de fermer toutes les écoles, par crainte de nouvelles attaques terroristes, après les deux attentats suicide de mardi à l'université islamique d'Islamabad. Cette décision intervient au moment où l'offensive contre les combattants islamistes au Waziristan semble prendre plus de temps que prévu. “Nous sommes en état de guerre”, avait reconnu mardi le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, pointant du doigt les talibans du Waziristan comme responsables du double attentat. Ainsi, des millions d'élèves et d'étudiants vont être privés de cours cette semaine, alors que le gouvernement fédéral, les régions, les associations d'écoles privées et militaires ont successivement annoncé qu'elles fermaient leurs portes. Le porte-parole du ministère de l'Education, Atiqur Rehman, a déclaré : “Nous avons décidé la fermeture des établissements dépendant du gouvernement fédéral en raison des menaces reçues ces derniers jours.” Avant d'ajouter : “Les quatre gouvernements provinciaux ont pris la même décision. La quasi-totalité des écoles du pays sont fermées. Nous allons continuer à évaluer la situation et nous espérons une réouverture lundi.” Afin de mieux gérer cette situation, le ministère de l'Intérieur pakistanais a engagé des discussions sur les mesures à prendre pour assurer la sécurité à long terme des établissements scolaires. La même source expliquera pour justifier cette décision : “Nous vivons sous une menace constante. L'attentat contre l'université internationale islamique constitue la septième attaque majeure en quinze jours en Pakistan, qui ont fait au total 185 morts.” Par ailleurs, cinq personnes et deux kamikazes ont péri dans les deux attentats suicide quasi simultanés à l'université, visant la faculté de droit islamique et une cafétéria pour étudiantes. Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague sans précédent d'attentats qui a tué près de 2 300 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda. Le terrain d'accès difficile, les mines et des combats acharnés ont ralenti hier l'avance des troupes pakistanaises dans le Waziristan du Sud, au cinquième jour de l'offensive terrestre face aux combattants islamistes, qui pourrait prendre plus de temps que prévu, selon des officiers. Sous couvert de l'anonymat, un responsable militaire pakistanais avoue : “L'offensive pourrait prendre plus de temps que prévu, notamment en raison de la nature du terrain : difficile, accidenté, montagneux. Les soldats progressent lentement et consolident progressivement leurs positions.” Pour rappel, environ 25 000 militaires sont engagés au sol dans cette opération, selon des officiers. Ils font face, selon divers experts, à environ 10 000 talibans pakistanais, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers liés à Al-Qaïda. Depuis 2002, l'armée pakistanaise a perdu plus de 2 000 soldats dans des combats contre les combattants islamistes dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan et le nord-ouest du pays, sans parvenir à des résultats pérennes dans ces régions.