La Maison de la culture de la wilaya de Béjaïa avait un rendez-vous important avec l'histoire, lundi dernier en fin d'après-midi en abritant une exposition témoignage sur les relations entre l'Algérie et l'Empire ottoman. Après Alger, Oran et Tlemcen, l'exposition algéro-turque intitulée «Vivre ensemble sous la coupole du ciel», a fait escale pendant 24 heures à la ville de Yemma Gouraya avant de s'envoler pour Tunis. Organisée par la direction générale des Archives nationales en collaboration avec l'ambassade de Turquie en Algérie, l'exposition rassemble des archives de l'époque ottomane, qui comprend au total quelque 45 pancartes constituées de quelque 200 pages d'histoire et de documents officiels. Elle révèle la notion de l'Etat chez les Ottomans et sa gestion par les différentes relations internationales qu'entretenait l'Etat ottoman. L'exposition comporte plusieurs thèmes dont celui relatif à l'Algérie à l'époque ottomane intitulé «L'Algérie durant la période ottomane: les relations politiques, économiques et culturelles». L'exposition retrace le vécu de tout un peuple puisque comportant des copies originales des correspondances officielles, des traités de paix et de commerce signées entre la Régence d'Alger et les pays européens, notamment. Parmi ces pages du passé figurent une lettre envoyée par Alger aux frères Aroudj et Kheirredine Barberousse pour demander leur aide afin de faire sortir l'occupant espagnol, ainsi que la lettre envoyée par le sultan Murad III à la reine Elisabeth I d'Angleterre, le firman du sultan Selim II concernant la construction d'un canal pour relier la mer Méditerranée à la mer Rouge, une copie de l'accord entre l'Etat ottoman et Nadir Bahadir, chah d'Iran, et un contrat concernant l'éclairage de la ville de Damas (Syrie), entre autres. Par ailleurs, en marge de cette exposition, le directeur général du Centre national des archives, Abdelmajid Chikhi, a souligné que la capitale des Hammadites a été choisie pour abriter cette exposition algéro-turque, tout comme Alger, Oran et Tlemcen en raison de leur importante place dans l'histoire et la civilisation de l'Algérie, et son histoire particulière avec l'empire ottoman, notamment en promettant de la faire exposer dans d'autres villes dans un proche avenir. L'ouverture de cette importante manifestation par M.Ali Bedrici, wali de Béjaïa en compagnie de M.Dover, le premier conseiller général de l'ambassade de Turquie en Algérie, à laquelle ont assisté les autorités locales et de la wilaya de Béjaïa, a été suivie d'une brève allocution du directeur général des archives nationales, M.Chikhi qui déclara: «Cette exposition a un double objectif, historique et politique. C'est une manière de montrer et de prouver à travers des images et des manuscrits toute la grandeur du khalifa ottoman ainsi que la tolérance qui régnait dans sa grande étendue géographique, et la place géopolitique et géostratégique qu'occupait l'Algérie à cette époque», tout en insistant envers les enseignants d'histoire et les historiens sur la nécessité de faire appel à la raison, au savoir plutôt qu'à l'émotion. «Il est formellement déconseillé, voire même interdit d'utiliser ses passions dans l'écriture de l'histoire. Etant loin d'être une science exacte, l'écriture de l'histoire n'est pas objective. Pour ce faire et pour plus d'objectivité, on ne peut pas prendre des critères contemporains et les appliquer à des situations historiques anciennes.» En somme, une importante manifestation culturelle à connotations historique et politique qui pourrait être une aubaine pour les historiens et politiques afin de trancher la question du séjour pendant plus de trois siècles des Ottomans en Algérie. Est-ce une occupation ou plutôt une collaboration?