Les associations de protection de malades et les gestionnaires des structures de santé parlent de déficit en approvisionnement du marché. La gestion des médicaments en Algérie a été le thème de la conférence organisée hier au Forum d'El Moudjahid. M.Ouaza, ancien directeur de la Pharmacie et du Médicament au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière était l'un des invités. Il a indiqué qu'avec l'avènement de l'économie de marché, «l'Algérie qui importait toute une panoplie de médicaments, s'est vu obligée de réduire cette dépendance vis-à-vis d'un marché international, la France en l'occurrence». De ce fait, l'Etat a opté pour une politique faisant de la production locale une priorité. Cependant, l'intervenant a fait état de «la réelle existence d'un tissu industriel en Algérie, mais qui n'a atteint que 50 ou 55% de sa capacité de production, ce qui induit un manque à gagner». Ce manque, malheureusement, se répercute directement sur la santé de centaines de milliers de malades. C'est le cas des cancéreux. Mme Gasmi, présidente de l'association Nour Doha pour l'aide des cancéreux, est intervenue lors de la conférence pour évoquer les souffrances des cancéreux algériens. Selon elle, «depuis le mois de juillet, la rupture du médicament est un souci majeur et omniprésent pour les cancéreux qui, pour pas mal d'entre eux, décèdent faute de traitement, de radiothérapie et de prise en charge efficace». Plus que cela, elle a mis en exergue l'enfer des personnes cancéreuses venues de l'intérieur du pays. L'Algérie ne disposant que de trois centres de radiothérapie, ces derniers, pénurie d'anticancéreux aidant, sont saturés à longueur d'année. Fait grave, «un malade nécessitant des séances de radiothérapie se voit éconduit en lui donnant un rendez-vous pour les trois à quatre mois à venir». Et d'ici-là, l'état de santé du malade aura tout le temps de régresser menaçant sérieusement sa vie. Le directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux a souligné que 37% des médicaments achetés par la PCH chaque année sont des produits oncologiques. D'après lui, le problème se pose au niveau des hôpitaux qui laissent s'épuiser leurs stocks de sécurité avant d'informer la PCH de leurs besoins. Le Dr Ouahdi, représentant du ministère de la Santé a, lui aussi, désigné d'un doigt accusateur les hôpitaux qui «gèrent très mal le circuit des médicaments». Mais les structures hospitalières relèvent directement du département de Saïd Barkat: la responsabilité en matière de gestion des médicaments incomberait directement à ce dernier. Les opérateurs et les fournisseurs des pharmacies, quant à eux, estiment que la loi de finances complémentaire de 2009 constitue «un véritable blocage de l'importation du médicament à cause de la limitation des lignes de crédits». Allant chacun de ses accusations, la gestion du médicament en Algérie prend les allures d'une atteinte à la sécurité nationale. Dans un pareil cafouillis, M.Abdelhamid Boualleg, porte-parole du réseau des associations de malades chroniques soutient qu'«aucune vision claire permettant la gestion du phénomène de rupture, de pénurie ou de la non- disponibilité des médicaments n'est existante chez nous. De ce fait, la balle est dans le camp du ministère de la Santé qui refuse tout dialogue». Propos soutenus par Mme Gasmi, selon laquelle «le dialogue n'est pas ouvert avec ce département au grand dam des malades». Et comme solution, cette responsable qui se bat avec acharnement pour les droits des cancéreux, préconise «la mise en place de comités au niveau des hôpitaux pour l'instauration d'une politique de prévision devant permettre d'éviter toute pénurie de médicaments ou de rupture de stock». Conclusion: dans un pays où l'on se targue d'avoir des réserves de 144 milliards de dollars, bien plus que de nombreux pays développés, il est quand même curieux de ne pas en dépenser quelques millions pour la santé de la population.