Le pharmacien hospitalier était, hier, au centre des débats lors des premières journées nationales de pharmacie hospitalière organisées par le Conseil national de l'ordre des pharmaciens à l'hôtel El Aurassi. Cette première édition se veut, selon les organisateurs, un appel aux autorités publiques pour la réorganisation de ce secteur et la redéfinition du rôle et de la place du pharmacien hospitalier dans les structures publiques. Pour ce faire, il est, selon les représentants de ce corps, impératif de revoir les textes réglementaires. Pour eux, la priorité doit être accordée à la mise en place d'un statut du pharmacien hospitalier. Selon les conférenciers, il conviendrait aussi de donner à ce corps de métier la place qui lui revient dans le conseil médical, le conseil scientifique, le comité du médicament, la commission de l'évaluation des offres et le comité de lutte contre les infection nosocomiales. Pour docteur Benbahmed, membre du comité d'organisation, il est temps de faire de la pharmacie hospitalière une carrière attractive, dans un environnement motivant en classant la pharmacie hospitalière dans le plateau technique aux côtés de la biologie, de l'imagerie médicale et de la transfusion. Pour lui, la profession souffre d'énormes difficultés qu'il faut tenter de résorber. Outre le manque de médicaments auquel font face les pharmaciens dans plusieurs secteurs sanitaires, les conditions de travail ne sont pas reluisantes. Les différents intervenants lors de ces premières journées ont mis l'accent sur le manque de moyens nécessaires tels le téléphone, le système informatique, la documentation, les équipements adéquats, etc. Pour eux, il est aussi urgent de doter toutes les pharmacies hospitalières de ces moyens élémentaires pour le bon déroulement des services. Il a été également relevé la nécessité de recruter au moins deux pharmaciens dans chaque secteur sanitaire pour combler le vide constaté dans la majorité des secteurs sanitaires. La pharmacienne de l'hôpital de Tizi Ouzou, docteur Ladjadj, s'est interrogée sur la gestion des médicaments dans les structures dépourvues de pharmacien hospitalier, à l'instar des établissements du sud du pays. « Ce sont des milliards qui sont manipulés dans ces services sans un système informatique adéquat », a-t-elle indiqué. Pour sa collègue de Constantine, la gestion des médicaments et des marchés nécessite plus de transparence. « Ce sont généralement les gestionnaires des établissements qui sont les maîtres des transactions et ce sont eux qui décident de l'attribution des marchés. L'installation de système d'informatisation en réseau dans ces structures est indispensable. C'est l'unique moyen d'assurer une gestion claire et transparente de ces marchés », a signalé docteur Chelali. Une autre problématique aussi importante qui concerne l'approvisionnement de la pharmacie hospitalière, la contractualisation et la nomenclature du code des marchés publics, stratégie d'achat des produits pharmaceutiques a été posée avec beaucoup d'insistance. Pour l'Ordre des pharmaciens, les hôpitaux ont besoin d'une centrale d'achat pour leur approvisionnement en médicaments. Pour docteur Nebchi, pharmacienne chef au Centre Pierre et Marie Curie à Alger, l'approvisionnement auprès de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) est le seul moyen d'assurer la disponibilité et la qualité des produits hospitaliers. L'ouverture opérée par l'instruction ministérielle pour le choix de son fournisseur risque d'engendrer de sérieux problèmes. « Il est nécessaire d'avoir un seul interlocuteur avec qui il est possible de négocier les prix pour les quantités demandées. Il y a risque de voir des perturbations dans les approvisionnements et les délais de livraison. Nous avons besoin de notre coopérative pour une meilleure gestion du médicament », a souligné docteur Nebchi. Pour elle, plusieurs établissements de santé publique seront pénalisés par cette nouvelle mesure de démonopolisation de la PCH. « Il y aura une sélection des hôpitaux », a-t-elle mis en garde. Les doléances et les recommandations du Conseil de l'ordre des pharmaciens n'ont eu d'oreille attentive que des professionnels présents. Aucun représentant du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n'a répondu à l'invitation du Conseil de l'ordre des pharmaciens. Selon certaines sources bien informées, Amar Tou aurait interdit aux cadres de la direction de la pharmacie d'effectuer le déplacement.