«Cet ouvrage est la première contribution à l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne, d'une collection en collaboration avec soixante coauteurs.» En présence d'une nombreuse assistance, l'universitaire Abdelmadjid Merdaci a présenté, jeudi soir à la librairie Tiers- Monde, son dernier ouvrage, Constantine au coeur de l'histoire, Novembre 1954- novembre 1955. Ce livre de 89 pages, paru aux éditions Champ Libre, retrace l'histoire de Constantine durant la guerre de l'indépendance et particulièrement cette période, novembre 1954- novembre 1955, qui est mal connue, malgré la richesse des sources. Cet ouvrage vient combler un manque important dans les recherches et l'écriture de l'histoire. Il témoigne de l'organisation du Front et ses structures efficaces et cohérentes, ainsi que la stratégie subtile et combative mise en exergue. L'auteur propose d'abord une chronique détaillée des faits politiques et militaires qui représente un récit tout à fait neuf et unique dans la première période de l'histoire de la guerre en 54-55 de cette ville. Il traite ensuite de l'organisation et du fonctionnement en réseau des centres administratifs et militaires. Cet ouvrage, devrait toucher toute personne s'intéressant à l'histoire de la guerre de Libération, soucieuse de connaître une période et des événements d'une région qui a tant donné, mais malheureusement fort peu étudiée jusqu'à ce jour. «Le temps est venu pour dépoussiérer l'histoire. Car en Algérie, l'histoire n'est pas encore un enjeu de connaissance. La recherche est timide. Une grande partie de la population adhère à un ´´imaginaire guerrier´´ ou mythique, relayé par l'histoire scolaire et les médias, ´´qui privilégie la dimension militaire et occulte les perspectives politiques´´», a affirmé Abdelmadjid Merdaci. Et d'ajouter que «la difficulté est accrue par la nature du conflit, la multiplicité des luttes entre factions rivales, alors il faut sortir de la langue de bois». Faisant un clin d'oeil à l'histoire officielle. «Cet ouvrage est la première contribution à l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne, d'une collection collective intitulée Les Cahiers de l'histoire dirigée par Les éditions Champ Libre, en collaboration avec soixante coauteurs en majorité universitaires, historiens et spécialistes, chacun dans son domaine d'intervention, et ce pour apporter des éléments de réflexion sur la place des fonds de sources primaires en histoire contemporaine de lecture publique et de donner des repères sur les collections, souvent difficiles à identifier en termes de contenus et de localisation, du fait de leur éclatement», a souligné l'universitaire. «Constantine au coeur de l'histoire, Novembre 1954- Novembre 1955, place cette ville et ses immédiates périphéries au centre de l'analyse, à travers la présentation de trois séquences décisives pour le cours de la guerre et la détermination de la nature politique du FLN. De Novembre 1954 et ce qui est tenu pour une défection constantinoise aux premières liquidations politiques au sein du front en passant par la dimension stratégique de l'offensive du Nord-Constantinois du 20 Août 1955. Constantine aura été un terrain privilégié de l'évolution du conflit et un marqueur de ses enjeux», a-t-il expliqué. Et à propos de l'ambition de la collection Les Cahiers de l'histoire, dont la distinction est impérative des collections patrimoniales, mais aussi des collections d'histoire à caractère culturel ou didactique. Abdelmadjid Merdaci soutient que «l'objectif de la collection va au-devant des légitimes attentes d'un lectorat peu ou mal informé de l'histoire de l'Algérie». Allant plus loin, il a expliqué qu'«à côté d'autres formats de traitement de l'histoire, thèses, biographie, témoignages, il s'agit de mettre à la disposition du plus grand nombre des questions traitées, souvent avec une compétence ignorée dans les colloques spécialisés en Algérie même ou à l'étranger et sous un format commode d'usage». «Les dossiers Cahiers de l'histoire, s'attacheront particulièrement à faire le point sur des évènements marqueurs de l'histoire algérienne, notamment ceux de la guerre d'indépendance. Ils viseront à informer le retour de tel ou tel événement dans l'espace public», a-t-il ajouté. Sociologue, historien, Abdelmadjid Merdaci est l'auteur de plusieurs travaux sur l'histoire politique de l'Algérie contemporaine. Il a coordonné l'ouvrage collectif L'Algérie rebelle (éditions de la Tribune, 2005) et publié La Fonction présidentielle en Algérie (Simon, 2004). Il a signé des ouvrages de référence sur le champ culturel algérien, notamment Constantine, citadelle des vertiges (Paris, Paris- Méditerranée, 2005 et Le Dictionnaire des musiques citadines de Constantine (éditions Champ Libre, 2008). Aujourd'hui, tout le monde souhaite écrire l'histoire, c'est bon? Pour redéfinir l'histoire, nous devons participer au débat social et politique sur l'histoire, bien sûr. Mais il faut éviter la fracture entre l'histoire et la mémoire.