La guerre d'indépendance n'a pas encore livré tous ses éclairages et ses implications. Presque huit ans de lutte ne peuvent être saisis définitivement sans des retours aux événements. Chaque acte en lui-même de la Révolution demande des analyses approfondies qui s'enrichissent par le temps avec de nouvelles recherches et de nouveaux témoignages. C'est la démarche qu'entreprend Abdelmadjid Merdaci pour apporter un regard plus étudié concernant une période limitée dans le temps de la guerre de libération. Dans son nouveau livre qu'il vient de présenter cette fin de semaine à la librairie du Tiers-Monde, cet auteur met en lumière la première année de cette guerre de libération vécue intensément par la ville de Constantine et la région est du pays. Son étude débute à la date du déclenchement de la lutte armée, le 1er Novembre 1954 et se poursuit jusqu'au premier anniversaire de cette date, en novembre 1955. A propos de la participation de Constantine aux premières heures de ce déclenchement et que des historiens ont jugé timide, Abdelmadjid apporte des témoignages montrant la participation active et l'engagement total des militants de cette ville à cet événement crucial. L'auteur traite ensuite particulièrement de la question de l'offensive du 20 août 1955 du nord constantinois. Cette héroïque action a eu des échos considérables pour la suite du combat de libération nationale. L'offensive du 20 août n'est que la réplique de celle du 8 mai 45. Si à cette époque les Algériens ont dénombré quarante-cinq mille morts, en 1955, ce sont douze mille citoyens algériens qui ont péri sous la répression sauvage de l'ordre colonial. L'auteur rapporte le témoignage de Ali Kafi qui reprend les directives de Zighout Youcef et ses compagnons, justifiant cette grande opération. Il écrit : «Ces responsables étaient conscients et convaincus de la gravité et de la lourdeur de la mission et de ses conséquences. Mais la révolution était à un tournant décisif : soit elle aura lieu, soit elle ne se fera pas ! Ou bien elle vaincra ou alors elle échouera et connaîtra le sort des insurrections passées et finira dans le rebus de l'Histoire. Une révolution repliée sur elle-même, c'est la stagnation. Une révolution sans martyrs, sans dégâts ni sacrifice n'est qu'un jeu d'enfants. Une révolution qui ne perdure pas et n'atteint pas ses objectifs est une utopie et un rêve vain ». Abdelmadjid Merdaci reprend le fil des évènements vécus par la ville de Constantine durant cette journée du 20 août. Il étudie les enjeux stratégiques de cette offensive et souligne leur importance. Il place ainsi Constantine au cœur de l'histoire. Son ouvrage sort au moment de l'ouverture du salon international du livre d'Alger, traduisant le dynamisme de la production livresque nationale. Son livre sort au moment de la commémoration du 1er Novembre 54, apportant un enrichissement dans la connaissance de notre passé récent. Constantine au cœur de l'histoire, Abdelmadjid Merdaci, 95 pages, dans la série, «Les cahiers de l'histoire», Editions du Champ libre de la ville de Khroub, 2009.