Trente-quatre travailleurs d'Ifri de Béjaïa sont licenciés ou poursuivis en justice. Le gérant de l'entreprise lfri continue toujours à opposer un refus catégorie quant à la réintégration de quatre syndicalistes et de trente autres travailleurs. L'inspection du travail d'Akbou s'apprêtait d'ailleurs à remettre aux parties concernées le procès- verbal de non-réconciliation. L'affaire est désormais entre les mains de la justice qui devra trancher dans les prochains jours. L'union locale d'Akbou, tenue au courant de tout le processus, juge arbitraire la mesure du gérant de l'entreprise qui a dissous la section syndicale 10 jours après le débrayage pour non-respect du règlement régissant l'activité syndicale. L'affaire a connu hier un nouveau rebondissement. Une des deux ailes de la section de Béjaïa de la Laddh s'est montrée préoccupée par la situation des travailleurs de cette entreprise de production d'eau minérale. Elle fait état, dans un communiqué, de son déplacement sur les lieux pour s'entretenir avec les travailleurs et les élus communaux. Cette aile de la Laddh, présentée comme proche du parti d'Aït Ahmed, ne fait état d'aucun contact avec les responsables de l'usine. Elle se contente de qualifier d'arbitraire le licenciement et les plaintes déposées contre les travailleurs. Tout en mettant en exergue les vertus du dialogue, la section de la Laddh «met en garde les autorités compétentes contre l'aggravation de la situation et demande au wali de Béjaïa d'installer une commission d'enquête pour faire la lumière sur le dossier de réhabilitation des travailleurs victimes de cet abus». Rencontrés, hier, M.Abdebnour Ibrahim et ses frères ont confirmé leur refus de réintégration tout en confirmant que les motivations du licenciement sont liées à une activité syndicale. M.Abdenour Ibrahim estime qu'il a licencié des employés comme tous les autres. Documents à l'appui, le gérant d'Ifri affirme qu'il a «tout fait pour régler le problème à l'aimable» en présence du président de l'APC et des sages des villages durant trois jours. «La mesure de licenciement est conforme au règlement intérieur de l'entreprise», ajoute M.Ibrahim. Avant d'en arriver là, «nous avons convoqué les concernés pour une audition afin de s'expliquer sur le mouvement de grève initié illégalement et sans préavis et nous avons buté sur un refus d'une partie des travailleurs convoqués», souligne-t-il. Il précise que cette initiative a permis de réintégrer 22 travailleurs. Et comme pour illustrer son étonnement, le gérant d'lfri parle d'une réunion qu'il a tenue avec la section syndicale quelques jours avant le débrayage et au cours de laquelle il a évoqué les problèmes qui se posent. «Le lendemain, je reçois une plate-forme de revendications datant de 4 jours avant la réunion», indique-t-il en nous remettant le document. Procès-verbaux de l'huissier de justice en main, le gérant d'Ifri accuse les ex-syndicalistes d'agir dans l'ombre. En d'autres termes, «ils ont initié une grève à laquelle ils n'ont pas pris part». Rejet énergique de M.Aït Saâdi Khellaf qui dit avoir été licencié en violation de l'article 113 de la loi 91/11 du 21 avril 1991. «J'étais à mon poste de travail et la fiche de paie en témoigne», précise-t-il accusant à son tour l'employeur de refus de dialogue. Il met en exergue toutes les initiatives entreprises dans ce sens. Depuis le 1er août dernier, date du mouvement de protestation enclenché par les employés et ponctué par la fermeture de la RN 26 à la circulation, quatre ex-syndicalistes et plus d'une trentaine de travailleurs sont licenciés ou poursuivis en justice. Chose que confirme le gérant qui parle de plainte en pénal et en social. C'est la réponse apportée par les responsables du groupe aux revendications des travailleurs. Pourtant, parallèlement au mouvement de protestation, une assemblée générale s'est tenue le même jour réunissant le gérant de l'entreprise lfri, la section syndicale, le chef de daïra et l'inspection du travail d'Akbou pour aboutir à la reprise du travail. Installée le 24 septembre 2007, la section syndicale de la société de production d'eau minérale et boissons diverses a été dissoute par l'Union locale d'Akbou. Ce qui marque «la connivence de lUnion locale d'Akbou avec le gérant», estime l'ex-secrétaire de la section Ugta. Aujourd'hui, ils sont au total 34 employés à être remerciés par le gérant de la société Ifri en date du 26 août dernier. Des décisions portant la mention de fin de fonction leur ont été remises au motif d'avoir participé à «un mouvement de protestation illégal et d'avoir empêché les travailleurs d'accéder à l'usine». Présentement, ils demandent d'être réintégrés. Ils veulent aussi la suspension immédiate des poursuites judiciaires dont ils font l'objet.