Ce match crucial fait rêver tous les passionnés de l'équipe nationale algérienne. La communauté algérienne en Egypte vit une véritable effervescence en prévision du match décisif qui opposera l'Algérie à l'Egypte comptant pour la sixième et dernière journée des qualifications jumelées de la Coupe du Monde et de la Coupe d'Afrique des Nations 2010 (CM-CAN 2009), devenu le principal sujet de conversation de la rue égyptienne. Bien que peu nombreuse (3000 Algériens environ dont 60% constituée d'étudiants), la communauté algérienne résidant en Egypte a d'ores et déjà entamé les préparatifs et établi des contacts pour le jour J (14 novembre). Les prémices de cette préparation ont commencé à poindre dès la fin de la rencontre Algérie-Zambie et conséquemment au regain d'enthousiasme manifesté par le public égyptien en prévision de cette date fatidique. Ce climat de convivialité et de complicité a gagné les membres de la communauté nationale, notamment les étudiants et les enfants d'Algériens résidant dans ce pays. Ce climat de fête est d'autant plus perceptible que les quartiers à forte concentration algérienne résonnent aux sons des chansons algériennes supportant la sélection algérienne. Ainsi, au rythme de «maâk ya lkhadra...» et bien d'autres, nous rencontrons Karim, Mohamed et Abdelhamid, étudiants à l'institut de recherches dans leurs studios au quartier populaire de Maadi où résident de nombreux étudiants étrangers. Ces jeunes nous parlent avec fierté des préparatifs affirmant ne pas attendre le 14 novembre pour se mettre «dans le bain» et encourager les verts. Abdelhamid, étudiant en troisième année à l'université du Caire, nous confie que dès le retour des vacances, les étudiants ont commencé à coordonner leurs actions pour la préparation des banderoles et autres chapeaux aux couleurs nationales. Certains drapeaux nationaux ont été ramenés d'Algérie et d'autres confectionnés sur place par une algérienne ancienne résidente en Egypte avec l'aide d'autres amies. Mme Fatiha que nous avons rencontrée sur place a, à ce propos, déclaré que «c'est la course contre la montre pour confectionner le plus grand nombre d'emblèmes nationaux», précisant qu'elle se propose «d'aller à la rencontre des supporters algériens pour leur remettre les drapeaux.» Elle ne cache pas sa joie de participer à cet événement qui est l'un des rares qu'elle vit en tant qu'Algérienne à l'étranger. Ces propos d'une grande sincérité et spontanéité dénotent de la contribution de la femme algérienne en Egypte et sa détermination à participer à créer le climat d'enthousiasme et d'encouragement de la sélection de son pays. Mme Dalila, chargée des affaires de la communauté algérienne, est assaillie par les appels téléphoniques émanant de dames qui veulent acquérir les tickets de stade réservés aux algériens. Pour Mme Dalila, cet intérêt n'est pas étonnant car la femme a toujours marqué sa présence, notamment lors des fêtes nationales et des rencontres sportives et artistiques. Aujourd'hui, a-t-elle enchaîné, elles sont déterminées à aller au stade pour soutenir les Verts, sachant que 90% de la communauté algérienne résidant en permanence en Egypte sont des femmes. L'engouement bat son plein Le compte à rebours a commencé et les discussions sur le sujet vont bon train que ce soit à l'université, au café ou à la maison. Comment peut-il en être autrement, s'interroge Wahid, étudiant en deuxième année «économie» à l'université du Caire, «alors que nous vivons cet événement quotidiennement car dès que les gens savent qu'on est algériens ils évoquent immanquablement le sujet et une discussion animée s'ensuit.» Son camarade de classe, Ahmed, de Djelfa, nous a assuré qu'il n'a jamais été amateur de football mais que cette pression quasi quotidienne insuffle un esprit nationaliste très fort qui pousse l'individu à parler foot même s'il est profane en la matière. Le problème des tickets de stade reste entier pour la communauté algérienne, comme le confirme Djamel qui travaille dans l'un des journaux égyptiens d'expression française. «Les tickets réservés aux Algériens, a-t-il expliqué, sont envoyés en Algérie et la quantité qui se trouve au niveau des services de l'ambassade est loin de satisfaire la demande locale.» «J'attends cette rencontre avec impatience car c'est la première fois que j'ai l'occasion de soutenir l'équipe de mon pays...une équipe jeune et excellente qui mérite de se qualifier pour la Coupe du monde», a dit Salim, un ressortissant algérien né en France et qui travaille en Egypte depuis cinq ans en tant qu'expert dans une société française basée à Alexandrie. «Je projette de me rendre au stade avec mon épouse qui est de nationalité française. J'effectue d'ailleurs des contacts avec mes connaissances au Caire pour obtenir des billets», a ajouté Salim qui n'a toutefois pas caché ses appréhensions en raison du «climat tendu provoqué par la campagne médiatique de certains fanatiques». «Je songe même à ne pas emmener mon épouse avec moi au stade malgré son insistance», a-t-il dit. Ali, étudiant à El-Azhar n'est pas du même avis. Pour ce natif de Guelma résidant au Caire depuis deux ans «rares sont les Egyptiens qui se laissent influencer par la presse locale». «La tension n'est présente que dans les médias», a-t-il dit. «Bien sûr que le public égyptien est fana de football et encore plus de son équipe, mais je pense que le fair-play prévaudra», a estimé Ali. Comme à l'accoutumée pour de telles manifestations, les Algériens en Egypte prennent contact les uns avec les autres et s'organisent pour aller aux stades en groupe afin d'encourager les clubs algériens ou bien se rendre chez l'un d'entre eux pour regarder ensemble le match à la télévision. L'ambassade d'Algérie est souvent mise à contribution pour de tels événements, à travers la location de bus, l'encadrement des supporters algériens et la réservation d'un carré pour les Algériens dans le stade afin d'éviter les éventuelles tensions pouvant naître d'un contact direct avec les supporters adverses. Les membres de la communauté algérienne établie en Egypte sont déterminés à réunir toutes les conditions à même de donner confiance à la sélection nationale et de lui permettre de se qualifier pour la coupe du monde.