La préservation du pouvoir d'achat est une des principales promesses de Abdelaziz Bouteflika pendant la campagne présidentielle. «A mon arrivée à la tête de l'Etat en 1999, le Snmg était de 6000 dinars et nous l'avons élevé à 12.000 dinars. Aujourd'hui, je vous promets qu'il sera augmenté lors de la tripartite qui se tiendra après l'élection», avait déclaré le président de la République au mois de février 2009. C'est à une rencontre symbolique et pratiquement ficelée que sera conviée la délégation de l'Union générale des travailleurs algériens qui sera conduite par son secrétaire général, Madjd Sidi Saïd. Une enveloppe de 230 milliards de dinars a été prévue dans le cadre du projet de la loi de finances 2010 pour faire face à la revalorisation des salaires. Reste bien entendu à en définir les barèmes et les modalités afin de procéder à son application. Selon une source proche du dossier, la hausse du salaire minimum devrait être de 3000 dinars. Si cette information venait à être confirmée, le nouvel Snmg sera donc fixé à 15.000 dinars. Cela représentera la hausse la plus importante qu'il aura subie depuis que Abdelaziz Bouteflika a été porté à la magistrature suprême en avril 1999. La Centrale syndicale aura été bien discrète et silencieuse quant à la tenue de la tripartite ainsi qu'aux estimations des augmentations de salaires. A-t-on abandonné pour autant le terrain des luttes syndicales et de la préservation du pouvoir d'achat du côté de l'ex-Foyer civique? Des revendications qui ont traditionnellement été au coeur des tenants de la pratique de l'orthodoxie syndicale au niveau de la place du 1er- Mai. Et c'est ce qui est essentiellement reproché, en son sein même, et par la rue, à la toute puissante Centrale syndicale. En ce qui concerne ce point, qui a notamment fait la particularité des mouvements syndicaux, la faille a été laissée ouverte par l'incontournable Ugta. La classe ouvrière a traditionnellement axé ses luttes sur l'amélioration de son pouvoir d'achat et la préservation de son outil de travail. Cela a de tout temps constitué son principal cheval de bataille. Sur ce plan, l'Ugta, en toute apparence, semble avoir cédé du terrain, battu désormais en brèche par l'apparition des syndicats autonomes. Ces derniers ont décidé d'occuper un terrain laissé visiblement «vacant» par une Centrale syndicale qui, soit dit en passant, s'est illustrée, par un mutisme remarqué devant la spectaculaire flambée des prix qui perdure depuis le début du mois de Ramadhan. A titre d'exemple, la cause désespérée des enseignants contractuels qui n'ont toujours pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois pour bon nombre d'entre eux, est inscrite dans leurs doléances. «Le traitement qui leur est réservé est spécifique et discriminatoire. Ces travailleurs vivent une situation désespérée. D'autant que certains ne sont pas payés depuis quatre ans. Ils sont 2000 contractuels, dont 1500 vacataires, qui attendent toujours leur régularisation», a dénoncé au mois de mars 2009, Salem Sadali, le secrétaire général du Syndicat autonome de l'éducation et de la formation, lors d'un point de presse. L'Ugta plaidera-t-elle leur cas au sein de la tripartite? Partenaire officiel et incontournable des pouvoirs publics, la Centrale syndicale ne devrait marginaliser aucune catégorie sociale. A moins qu'elle ne se limite à de la figuration? «Il n'en est pas question!», nous assure une source proche de l'Ugta qui a préféré garder l'anonymat. «La préservation du pouvoir d'achat et l'amélioration du quotidien des citoyens ont de tout temps été les préoccupations majeures de l'Ugta.», a tenu à ajouter notre interlocuteur. La réalité est cependant loin de refléter un discours aussi tranché. L'espoir né de la réforme du statut de la Fonction publique et l'élaboration des statuts particuliers, qui ne sont toujours pas finalisés, auxquelles a contribué de manière active la Centrale s'est vite estompé. Ils ont fait l'objet d'une contestation sans précédent de la part des syndicats autonomes. L'Ugta qui les a cautionnés se retrouve sur le fil du rasoir. L'image que renvoie la Centrale syndicale est trop consensuelle pour les uns et pas assez revendicative pour les autres. La conjoncture économique incertaine ne laisse pas non plus une grande marge de manoeuvre. Les prix du pétrole ont lourdement chuté. L'inflation a atteint 5,7% pour les 9 premiers mois de 2009. La flambée des prix a laissé des traces. En ce sens, la décision prise par le chef de l'Etat pour mettre en oeuvre sa promesse d'augmenter les salaires est courageuse. L'Ugta peut partir à la tripartite la fleur au fusil.