Neuf associations de la région est de la wilaya de Béjaïa sont revenues à la charge pour dénoncer le fléau qui prend de l'ampleur. Des associations demandent aux autorités concernées d'agir dans le sens de l'illimitation de la prostitution qui «touche présentement les villages les plus reculés». Ce n'est pas la première fois que des citoyens de ces régions se manifestent. A Tichy notamment et Baccaro, la dénonciation s'est fait même dans la rue. Des réunions publiques ont été tenues sur initiative du mouvement associatif, en la présence des élus locaux et ce, pour «débattre de la situation alarmante relative aux fléaux sociaux qui prévalent et prennent de l'ampleur dans le quartier en particulier et dans la commune en général», lit-on dans chaque déclaration adressée aux autorités et services concernés. La prolifération des lieux de prostitution s'étend partout. Une prostitution qui, en apparence, arrange certains et dérange d'autres. La prostitution arrange en effet, ceux qui en tirent profit. Hôtels, bars-restaurants, boutiques de fringues, tous le business est basé sur cette présence féminine. Sans les femmes, c'est le dépôt de bilan qui guette tout ce beau monde, aujourd'hui objet d'attaque de ceux qui s'estiment dérangés. Sur fond de considérations religieuses et sociale, qui cachent mal la jalousie qui anime certains d'entre eux, la contestation se fait au grand jour avant de s'estomper, on ne sait par quel miracle. C'est d'ailleurs à ce niveau que réside le doute quant à la sincérité voire la volonté des initiateurs. En effet, lorsqu'une situation est jugée «indigne et consternante», on ne se contente pas seulement d'une démarche conjoncturelle mais on va jusqu'au fond du problème. Mais dans ces régions, force est de constater que l'action est pratiquement la même dans le sens où l'on se distingue le temps d'une déclaration ou d'un rassemblement pour mettre ensuite l'initiative aux oubliettes. L'attention, ici, n'est pas d'inciter dans un sens ou l'autre mais de souligner toute la délicatesse du problème posé. Un problème qui, outre le fait qu'il est loin de faire l'unanimité, suppose toute une concertation profonde et généralisée entre les différents acteurs y intervenant. Des cités, des villas et bien d'autres logements deviennent des centres d'hébergement des centaines de femmes activant dans le milieu. Ces résidences en question sont cédées moyennant un loyer à la gent féminine, qui évite des établissements hôteliers trop chers. Il va sans dire que ces faits ont été, à plusieurs reprises, signalés, dénoncés et bien des pétitions ont été envoyées à qui de droit. Mais que peut faire une autorité contre une femme en règle sur le plan administratif combien même elle se trouve dans un bar. Une explication qu'avancent souvent les services de sécurité. «Les policiers ou les gendarmes n'interviennent que lorsqu'il y a atteinte à l'ordre public», nous expliquait récemment un policier. Seul le flagrant délit peut réellement déterminer un cas de prostitution, a-t-on encore précisé. C'est toute la problématique de la situation actuelle. Pourtant, tout le monde en parle. Mais point de preuves. Seules les filatures et les descentes inopinées ont permis des arrestations de prostituées et la fermeture des lieux de débauche. En tout état de cause, la côte est de Béjaïa est, certes, célèbre pour son tourisme, sa culture et sa beauté mais aussi pour les autres plaisirs qu'elle offre. Une véritable plaque tournante de la prostitution. Plus d'un millier de prostituées y séjournent et travaillent à longueur d'année. Elles viennent d'Alger, d'Oran, de Tlemcen, de Annaba, de Sétif, bref de toutes les régions du pays. Certaines ont fui leur misère. D'autres, un mari, un père, la conséquence d'une crise ou d'une blessure. La prostitution touche également la ville de Béjaïa et la cote ouest. Ce fléau, qui n'est pas propre à Béjaïa, est aussi la conséquence d'une crise multidimensionnelle que vit le pays ces dernières années.