Madame Ouahiba Moumène, la directrice d'études au ministère de la PME et de l'Artisanat, a admis que toutes les politiques mises en oeuvre par cette institution pour encourager les petites entreprises se sont soldées par un échec. «Il faudrait qu'on se pose à nouveau la question de savoir pourquoi» et de préparer de nouveaux plans, a-t-elle indiqué. Cette déclaration a été faite avant-hier lors du débat qui a suivi la conférence prononcée à Alger par le professeur Abdelhak Lamiri. C'est le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) qui regroupe aussi bien des sociétés publiques que privées qui a organisé cette conférence-débat. Le titre de la rencontre ne laisse aucun doute sur les mobiles des organisateurs. «L'Algérie a-t-elle besoin d'un small business act ou comment mettre la PME au coeur des politiques publiques?» est, en effet, l'intitulé de la conférence. La responsable du ministère de la PME a esquissé quelques explications pour justifier son constat. Selon elles, les décisions prises n'ont pas eu d'effet car les patrons ne veulent pas du tout entendre parler de réforme. Les banques n'ont pas été épargnées par cette responsable. Elle pense qu'elles ne financent pas assez l'entreprise. Le troisième acteur économique à faire les frais des critiques de la directrice d'études n'est autre que l'Etat ainsi que d'autres institutions. Elle précise que la plus grande erreur est celle d'avoir pensé que l'encouragement de la PME est la seule affaire du ministère de la PME alors que selon sa vision, plusieurs instances ont une responsabilité dans cette quête. Ce n'est pas Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif de la PME qui allait démentir cette responsable. Bensaci donne au contraire un exemple de l'incurie du système. Il annonce que l'Agence nationale de promotion de la PME n'a été d'aucun effet sur l'entreprise. Madame Ouahiba Moumène utilise la même terminologie en disant que les décisions du ministère n'ont pas eu d'effet. Abdelhak Lamiri a étayé ce constat par les chiffres. Il précise que pour résorber le chômage il faut un million et demi de PME lorsque moins d'un demi-million d'entreprises existent actuellement. Il précise qu'une légalisation aussi favorable soit-elle à l'instar du small business act ne peut être efficace si une coordination n'est pas opérée entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques. Il est expliqué que le small business act est le nom d'une loi américaine qui encourage les PME allant même jusqu'à leur accorder la priorité dans certains marchés commandés par l'administration américaine. C'est l'un des résultats auxquels veulent parvenir les chefs d'entreprise algériens. Actuellement, une préférence de 15% est accordée aux sociétés locales et ce taux sera peut-être relevé à 20% lors de la révision prochaine du Code des marchés publics. La loi américaine est aussi définie comme un ensemble de principes et de mesures concrètes, guidant la conception et la mise en oeuvre des politiques publiques en vue de promouvoir un environnement juridique et administratif favorable aux PME. Ce n'est pas qu'aux Etats-Unis que ce principe existe, car il a essaimé dans d'autres pays. Ces derniers ont opté pour un cadre réglementaire assumant la préférence PME compte tenu de son potentiel de création d'emplois et de cohésion sociale.