L'école algérienne a le devoir d'enseigner l'histoire aux jeunes générations. Du 1er novembre 1954, 55 ans après, que reste-t-il de l'«Appel au peuple algérien» lancé par le Front de libération nationale? L'esprit de la lettre de Novembre est-il toujours présent? La flamme de la Révolution luit-elle encore? La jeunesse d'aujourd'hui connaît-elle l'histoire de l'un des mouvements de décolonisation les plus importants du XXe siècle? Un mouvement né des entrailles d'un peuple avide de liberté. Celui-là même au sein duquel ils sont nés et ont grandi. Et si ces derniers ne connaissent que la face visible de l'iceberg historique, à qui la faute? Aujourd'hui, le système éducatif national vit au rythme d'une instabilité inquiétante. Et cette instabilité tend à s'inscrire dans la durée, tant les réformes se suivent et se ressemblent sur un point: l'inefficacité. A problèmes profonds, mesures superficielles. L'Ecole algérienne souffre de multiples carences. Programme chargé, manque en infrastructures, déficit en moyens de transport, insuffisance criante en matière d'encadrement pédagogique, précarité socioéconomique des travailleurs de l'éducation et tant d'autres lacunes. Tel est le lot quotidien des écoliers algériens. A cela s'ajoute la qualité discutable à plus d'un titre de l'enseignement prodigué. Lequel enseignement est loin de correspondre aux réalités socioculturelles de la société algérienne. Et cela donne lieu à des incohérences qui alimentent le mécontentement dans le secteur de l'éducation. A titre d'exemple, l'intersyndicale de l'Education à décidé de faire de ce mois de novembre, celui de la protestation. Les raisons? Elles sont multiples mais avec un dénominateur commun: absence de dialogue et de concertation en vue d'asseoir une politique éducative cohérente. Cette situation a poussé le Syndicat algérien des travailleurs de l ‘éducation et de la formation (Satef), par la voix de son secrétaire général, M.Sadali, de tirer la sonnette d'alarme: «Si le gouvernement et le ministère persistent dans cette démarche, nous allons vers une situation de blocage.» Pour leur part, les lycéens sont montés au créneau pour décrier «le programme surchargé». Pas seulement, ils sont allés jusqu'à dénoncer: «Nous ne voulons pas être les cobayes de réformes appliquées chaque année.» Des lycéens qui considèrent que l'on «joue à la roulette russe» avec leurs têtes! Voici qui renseigne sur le mal qui ronge un secteur aussi important que l'Education. Dans toute cette histoire, le ministère s'est confondu dans des mesures approximatives. Ainsi, la circulaire sur la nouvelle réadaptation des horaires scolaires, après celle adaptée au nouveau week-end, n'a fait qu'aggraver une situation déjà confuse. Datée du 14 octobre dernier, cette circulaire permet de: «différer les séances de la demi-journée du jeudi aux horaires suivants: l'après-midi du mardi, la matinée ou l'après-midi du samedi». Seulement, les écoles qui ne souffrent pas des retombées du nouveau week-end sont tenues de respecter l'emploi du temps en cours. D'ou l'incompréhension d'une mesure qui prête à «la demi-mesure». Dernièrement, le ministre de l'Education a promis une réadaptation des horaires scolaires dans les régions du Sud. Toutes ces décisions diffuses remettent en cause l'efficience de la réforme éducative. Il va sans dire que l'école se trouve ainsi, sur le fil du rasoir. Une école appelée, pourtant, à permettre aux générations qui montent à s'approprier leur histoire. Une histoire de long combat pour «la République algérienne démocratique et sociale». Cette revendication traduisait le rêve d'une poignée de jeunes révolutionnaires en une Algérie libre et digne. Ce rêve a donné naissance à l'une des révolutions les plus importantes du XXe siècle. Ainsi, le «coup de poker» s'est transformé en un déluge populaire qui a failli emporter le système politique français. Une question: l'«Appel du 1er Novembre» est-il suffisamment introduit et expliqué dans les programmes scolaires? Comme il a été mentionné dans l'«Appel», il y a 55 ans: «L'heure est grave!».