Le témoignage d'un des 11 terroristes arrêtés à Boumerdès a confirmé que «Une prime de 30 millions de centimes était destinée à celui qui descendrait le chef de brigade de la gendarmerie», a avoué le terroriste arrêté et originaire de Bordj El-Bahri. Ce dernier précise que «l'ordre a été donné de tuer le gendarme par l'émir Boucenna, parce qu'il causait des problèmes aux réseaux de sable dit esshab erramla lesquels étaient protégés par moi et quelques-uns de mes comparses». Durant l'entretien, le terroriste avoua explicitement que les réseaux de sable constituent la principale source de financement des groupes terroristes. Ils «jouissaient de notre protection armée». Il révélera aussi que «tous les camionneurs après leurs chargements versaient des sommes que je prélevais moi-même pour le compte d'un collecteur de fonds du nom de Guerni Abdelkader, lequel avait la mission d'acheminer les fonds vers le maquis où se trouvait l'émir». Ce dernier, selon le témoignage, avait aussi pour mission de procéder à des rackets auprès des commerçants de la région. Il ajoute: «Le commerce illicite et le pillage du sable rapportaient entre 6 et 7 millions de centimes par semaine aux terroristes», précisant que «cette somme concernait uniquement le secteur où j'activais». Ce qui laisse croire que le profit tiré du pillage de sable était de loin plus important que celui avancé par le terroriste. Le témoignage confirme la thèse, selon laquelle «les attentats à la bombe perpétrés contre les brigades mobiles de la Gendarmerie nationale étaient commandités par les terroristes pour protéger les pilleurs de sable». On se souvient que lors du démantèlement d'un réseau de fausse monnaie mené par la gendarmerie de Boumerdès, des documents subversifs et du matériel informatique dont un disque dur appartenant aux terroristes et sur lequel étaient mentionnés des noms de personnes identifiés comme étant des barons du trafic de sable ont été découverts. Cette opération a permis de «prendre conscience que certains éléments des forces de sécurité étaient complices». A ce titre, le colonel Abdaoui, convaincu de la mission qui lui est assignée, affirme ouvertement que «nul n'échappera à la règle», ajoutant que «si j'ai une petite preuve de complicité d'un de mes éléments, je n'hésiterai pas à l'arrêter et le traduire en justice». Après l'entretien avec le terroriste, le colonel a tenu à lancer un message à l'adresse des citoyens pour «demander leur aide car, dit-il, il s'agit d'une source de renseignements pouvant nous amener à éradiquer les réseaux de soutien existants encore». Il finit par dire que «le renseignement est la seule arme efficace pour contrecarrer le terrorisme et ses soubassements».