Le Maroc organise du 6 novembre au 25 décembre, sous le haut patronage de son souverain, une «caravane-débat» à travers plusieurs villes du Royaume pour promouvoir son plan de large autonomie au Sahara occidental. Sur les traces de feu son père, l'héritier du trône alaouite célèbre ainsi le 34e anniversaire de la Marche verte, lancée pour la première fois le 7 novembre 1975, et ressuscite l'esprit et l'objectif que lui a imprimés Hassan II: l'annexion par la force du Sahara occidental. Officiellement, «l'événement» est pris en charge par des représentants d'associations qui ont pour ambition d'élargir les débats sur les objectifs du projet d'autonomie. Le communiqué ne précise pas cependant s'il sera tenu compte de la voix du peuple sahraoui et des militants des droits de l'homme. «Cette manifestation d'envergure se veut un espace de partage d'idées, d'échanges et de dialogue, ainsi qu'un témoignage voire un message destiné à la communauté internationale, à ses instances et organisations, signifiant l'adhésion de toutes les composantes du peuple marocain à la proposition d'autonomie...», a rapporté, jeudi, dans une de ses dépêches, l'agence de presse officielle du Maroc, MAP. Pas un mot, donc, sur les populations sahraouies qui sont de facto, exclues de cette initiative. Le programme de cette manifestation prévoit pourtant une rencontre-débat, le 20 novembre à Laâyoune, haut lieu de la contestation sahraouie et fief des farouches fervents de l'indépendance au coeur même des territoires occupés. Il faudrait s'attendre à des contre-manifestations sans concession et très probablement à de nouvelles arrestations arbitraires comme le fut celle des 7 militants sahraouis des droits de l'homme, le 8 octobre dernier, qui revenaient d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf. Interrogé à ce sujet, jeudi lors d'un point de presse, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain a qualifié de «puéril et totalement irresponsable» leur engagement. «L'ONU fait la distinction entre comportement responsable d'un Etat responsable qui a des dirigeants responsables, qui s'appelle le Maroc et ce type de comportement puéril et totalement saugrenu, absolument imprévisible d'un certain nombre de personnages qui ont montré jusqu'à quel point ils peuvent être déconnectés de la réalité internationale et du sens de responsabilité», a ajouté sur un ton méprisant Khalid Naciri faisant fi du droit des Sahraouis à décider de leur destin. A ce propos, le président de la Rasd vient de solliciter une fois de plus, «avec insistance» l'Organisation des Nations unies afin qu'elle assume «pleinement» ses responsabilités: protéger les citoyens sahraouis, libérer les militants des droits de l'homme et les prisonniers politiques détenus dans les geôles marocaines. «Le gouvernement marocain fait fi des dispositions de la loi humanitaire internationale et des rapports des organisations spécialisées dont le Haut commissariat aux réfugiés», a écrit Mohamed Abdelaziz dans un message adressé au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon. La répression est cependant loin de s'estomper et redouble de férocité. Six personnes ont été blessées et une autre arrêtée mardi à Boudjour, lors de manifestations pacifiques où des slogans pour l'indépendance du Sahara occidental et la libération des prisonniers politiques ont été scandés. Parmi elles, figure Soltana Khaya, militante des droits humains, qui avait perdu un oeil lors d'une précédente manifestation au mois de mai 2007 sur le campus de l'université de Marrakech. Des actes de violences condamnés avec vigueur par de nombreuses organisations internationales. A travers une correspondance adressée au roi Mohammed VI, l'association danoise «Africa Kontakt» a lancé une campagne internationale en faveur des militants des droits de l'homme sahraouis et exigé la libération de ceux qui ont été emprisonnés. Des ONG allemandes, suédoises et belges ont déjà répondu à cet appel. La diplomatie sahraouie se déploie et marque des points incontestables à travers le monde. En visite officielle de deux jours en Espagne, depuis jeudi, le président de la Rasd a bénéficié d'un soutien sans ambigüité de la part du gouvernement autonome des Asturies. «Le gouvernement des Asturies a toujours défendu le droit du peuple sahraoui à travers un référendum d'autodétermination décidé par l'ONU», a déclaré la ministre de la Promotion sociale, Mme Martin Gonzales. Le combat pour la liberté du peuple sahraoui est encore long mais son issue demeure irréversible.