Après El Islah et En Nahda, Abdallah Djaballah veut une nouvelle formation islamiste ouverte à d'autres courants. Un nouveau parti politique pour fin décembre. C'est avec cette annonce que Abdallah Djaballah, chef de la branche historique du mouvement El Islah, a rompu hier un silence qui a duré des mois. «Le principe de la création d'un nouveau cadre politique a été entériné. L'annonce officielle de sa création sera faite vers la fin décembre», a déclaré le chef islamiste lors d'une conférence de presse animée au siège du mouvement El Islah historique à Bir Mourad Rais. Le choix de l'échéance est loin d'être fortuit car il s'inscrit dans un contexte marqué par un front social en ébullition. Aussi, le leader politique essaye de se positionner sur l'échiquier politique à la veille du remaniement partiel du Sénat. Comble de la coïncidence, la tenue du congrès de la nouvelle formation annoncée se tiendra à la même période des sénatoriales. Une occasion propice pour rebondir sur la scène politique. Ainsi, après El Islah et En Nahda, le chef islamiste s'achemine vers la création d'un autre parti politique. Jamais deux sans trois. Le nom du nouveau parti n'a pas été divulgué par le conférencier. En effet, ce dernier a préféré laisser le soin aux «différents cadres d'El Islah (branche de Djaballah) de choisir le sigle qui sied à nos principes et convictions politiques». Quant à sa nature organique, celle-ci «sera arrêtée lors du congrès». Dès lors, la nouvelle formation restera-t-elle dans le sillage de l'islamisme ou s'ouvrira-t-elle à d'autres courants? M.Djaballah n'a pas exclu cette option. «La probabilité de s'ouvrir à d'autres courants, notamment le nationalisme, n'est pas à écarter», a assuré M.Djaballah. Cette démarche se veut fédératrice. En ce sens, le conférencier est revenu, à plusieurs reprises, sur l'arrêt des tractations en vue de la réunification des rangs d'En Nahda. Du fait qu'il est lui-même le fondateur de ce mouvement, il a affirmé que «les négociations sont suspendues, mais le processus continue». Le chef islamiste a expliqué que «les tractations ont buté sur des divergences concernant les statuts d'En Nahda». Il a précisé qu'il n'est pas responsable de ce blocage. L'accusation, à peine déguisée, vise la direction d'En Nahda, conduite par M.Fateh Rebaï. Pour rappel, une commission mixte de dix membres a été créée pour la réunification du mouvement islamiste. Ces membres ont travaillé sur trois questions: l'assise de réflexion politique, les statuts et les modalités de la préparation du congrès. Les statuts ont constitué le point d'achoppement entre les deux parties. Pourtant les tractations paraissaient en faveur d'une réunification. «Le recul de la direction d'En Nahda sur certaines propositions concernant les statuts a été à l'origine de la suspension des négociations.» En quoi consiste ce recul? Le conférencier s'est contenté de dire que «la direction d'En Nahda veut garder la mouture actuelle des statuts». Le conférencier a nuancé sa réponse: «Cette divergence ne remet pas en cause tout ce qui a été entrepris.» La priorité pour Djaballah est de créer un nouveau parti politique. Cet impératif n'exclut pas la possibilité de réunifier les rangs d'En Nahda. Le conférencier considère que «Nahda est l'organisation principale de l'éveil islamique». Le mot est lâché! M.Djaballah veut un pôle islamiste attractif. Un pôle qui pourrait constituer une alternative nationale. Ces derniers jours, le chef historique d'El Islah et d'En Nahda a été aperçu avec M.Abdelmadjid Menasra, le cadre dissident du MSP et fondateur du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC). Une rencontre et deux mouvements islamistes en gestation. Cela pourrait aboutir à un cadre commun. Cette hypothèse est battue en brèche par Djaballah. Seulement, ce dernier prône également le changement. Donc, un éventuel rapprochement entre les deux tendances n'est pas à écarter. A moins que le projet ne soit encore plus important.