Il foudroie Giscard d'Estaing et Balladur, il ne s'attarde pas sur Sarkozy, mais rend hommage à son prédécesseur et adversaire, François Mitterrand. Dans son livre, dont des extraits ont été rapportés dans le journal français, Le Parisien, l'ancien président de la République française, Jacques Chirac, règle ses comptes avec les vieux briscards du monde politique de l'Hexagone. «Chirac dit tout le mal qu'il pense de Giscard et de Balladur. Il évoque la rancune tenace que lui voue Valéry Giscard d'Estaing, rappelle la trahison d'Edouard Balladur en 1995. Cependant, il rend hommage à Mitterrand», a rapporté le journal français. Cet ouvrage intitulé Chaque pas doit être un but (Nil Editions), dont le premier tome paraîtra ce jeudi, promet déjà d'être un best-seller de la littérature politique française. L'ancien président est partout, à toutes les pages et dans toutes les rubriques du livre. Côté ombre et côté lumière. Côté justice et côté politique. Jamais on avait autant parlé de lui depuis qu'il a quitté l'Elysée. «Un jour, Giscard assurera avoir jeté la rancune à la rivière. Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec, tant cette rancune est demeurée tenace et comme inépuisable. En démocratie, la défaite d'un homme est rarement une perte irréparable», ajoute-t-il. «J'avais confiance en Edouard Balladur», souligne aussi M.Chirac, rappelant qu'un accord politique, «ayant aussi valeur de contrat moral», avait été conclu entre les deux hommes. «Au fond de moi, j'ai encore peine à croire que le Premier ministre soit en train de trahir ses engagements», dit-il. «Je n'aurai jamais d'explication d'homme à homme avec Edouard Balladur.» Dans ces extraits publiés par Le Parisien, Jacques Chirac évoque également son successeur Nicolas Sarkozy, qui a été «le premier à s'éloigner» en 1995. «Cette première défection ne me laisse pas indifférent. Nicolas Sarkozy est à mes yeux bien plus qu'un simple collaborateur», explique-t-il. «Je l'avais remarqué à l'occasion d'un de nos meetings. Je lui demandai de venir travailler à mes côtés, ce qu'il fit aussitôt, prenant part efficacement à toutes mes campagnes, avec cette volonté, qui ne l'a pas quitté, de se rendre indispensable, d'être toujours là, nerveux, empressé, avide d'agir et se distinguant par un sens indéniable de la communication», salue M.Chirac. Ainsi, il ne s'attarde pas sur le personnage de Nicolas Sarkozy, il passe très vite. Pour en savoir (peut-être) plus de ce que Chirac pense de son successeur, il faudra attendre le second tome. Devenu depuis quelques mois l'homme politique le plus populaire de France, Chirac va affronter cette semaine le regard des Français qui aiment ce père de la nation, qu'il est devenu, mais approuvent massivement, selon un sondage, son renvoi devant la justice au nom de l'égalité des citoyens. On craignait un récit sans aspérités de la vie de Chirac, de sa naissance en 1932 à son élection à l'Elysée, en 1995. En fait, Chirac le secret, Chirac «l'énigme», comme a pu dire un jour de lui sa propre fille Claude, le prince de la langue de bois, celui qui réservait ses mots cruels au cercle de ses intimes, a décidé de se lâcher un peu. En distribuant ses coups, mais en les mesurant. La principale victime de ce règlement de comptes? Valéry Giscard d'Estaing, bien sûr, le président que Chirac a largement contribué à faire battre en 1981. Mais il n'épargne pas non plus Edouard Balladur, qui n'a jamais été son ami de trente ans. L'ancien président français est actuellement au centre d'une polémique. La semaine dernière, il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris où il devrait normalement comparaître (sans doute pas avant 2011) pour «abus de confiance» et «détournement de fonds publics» portant sur 21 emplois fictifs à la mairie de Paris, sous son long «règne» de 1977 à 1995.