Il n'a pas fallu longtemps, après l'annonce officielle de la mort du président gabonais, pour que des personnalités françaises commencent à faire des révélations sur les relations particulières de Bongo avec la France, comme cette déclaration de Valéry Giscard d'Estaing, qui lui reproche d'avoir financé la campagne électorale de son adversaire Jacques Chirac en 1981. Entre Libreville et Paris, les rapports étaient particulièrement étroits, notamment après l'arrivée au pouvoir en 1967 d'Omar Bongo Ondimba, avec le soutien de la France, estiment les observateurs. Il n'y a pas mieux que cette phrase du défunt président gabonais pour illustrer ces relations particulières : “Le Gabon sans la France, c'est une voiture sans chauffeur. La France sans le Gabon, c'est une voiture sans carburant.” Il faut dire qu'il était l'interlocuteur obligé de tous les locataires de l'Elysée durant les 41 ans de sa présence à la tête du Gabon. Bongo symbolisait même le terme “Françafrique”” utilisé pour qualifier la présence française sur le continent. Le Gabon était aussi le bastion originel du géant pétrolier français Elf, une compagnie pétrolière créée en 1967, dont l'ex-PDG Loïk Le Floch-Prigent reconnaîtra plus tard qu'elle servait de “diplomatie parallèle” et finançait les services secrets français. Ainsi, des liens étroits, basés sur des intérêts croisés qui se sont maintenus avec tous les présidents français, y compris Nicolas Sarkozy qui avait pourtant promis la “rupture” dans les relations entre la France et l'Afrique, et de “définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés”. Omar Bongo intervenait même dans les élections présidentielles françaises, comme le confirme l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, qui a révélé hier que le défunt chef de l'Etat gabonais avait financé la campagne électorale de son adversaire en 1981, Jacques Chirac. En effet, invité hier sur une chaîne de radio Europe1, Valéry Giscard d'Estaing affirmera que le président du Gabon Omar Bongo, décédé lundi, avait soutenu “financièrement” Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1981. “Normalement, vous savez qu'on n'acceptait pas des versements de fonds provenant de pays étrangers qui soutenaient des candidats en France. Et j'ai appris que Bongo soutenait financièrement Jacques Chirac”, racontera Giscard d'Estaing. Donnant plus de détails sur l'opération, il ajoutera : “Moi, j'étais président de la République à l'époque, a-t-il poursuivi, j'ai appelé Bongo et je lui ai dit : +vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent+, alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit : +ah, vous le savez+, ce qui était merveilleux. À partir de ce moment-là, j'ai rompu mes relations personnelles avec lui.” Giscard d'Estaing ne manquera pas de dénigrer Bongo en déclarant qu'il était “un homme jeune, brillant, actif qui inspirait une certaine sympathie en fait. Puis, par la suite, c'est devenu un régime très personnel fondé quand même sur des systèmes financiers très contestables et personnellement, j'ai rompu tout rapport avec le président Bongo à partir de ce moment-là”. Concernant la “Françafrique”, il dira qu'Omar Bongo “ne représentait pas à lui seul la Françafrique” mais “ce qui est vrai, c'est qu'il était un des derniers à la représenter et donc sa disparition marque d'une certaine manière la fin de la Françafrique”. Si Sarkozy a exprimé “beaucoup de tristesse et d'émotion”, assurant que la France était “dans cette épreuve aux côtés du Gabon, de ses institutions et de son peuple”, et évoquant “un grand et fidèle ami de la France”, le député français des Verts Noël Mamère a affirmé mardi qu'“on ne va pas pleurer sur une crapule de plus qui disparaît de la planète”, au lendemain de la mort du président gabonais Omar Bongo, “symbole”, selon lui, de “la Françafrique”. “On ne va pas pleurer sur une crapule de plus qui disparaît de la planète. Tous ceux qui sont attachés à la démocratie ne pleureront pas la mort du président Bongo”, conclura Mamère.