Donnant l'impression d'être convaincu d'une solution à deux Etats, palestinien et israélien, pour régler le conflit du Proche-Orient, Barack Obama reçoit aujourd'hui Benjamin Netanyahu, qui refuse catégoriquement d'entendre parler de cette éventualité, allant jusqu'à éviter de l'évoquer en public malgré les pressions. Comptant probablement sur le rôle des lobbies juifs aux Etats-Unis, le premier ministre israélien est décidé à ne pas céder à la proposition de l'administration Obama pour régler définitivement le conflit israélo-arabe par la solution de la création d'un Etat palestinien. Selon ses proches collaborateurs, Benjamin Netanyahu refusera lors de sa visite à Washington de souscrire à la création d'un Etat palestinien. Ophir Akunis, député du Likoud, cité par la radio publique, a déclaré à ce sujet que le chef du gouvernement israélien “ne s'engagera pas à Washington à la création un Etat palestinien qui sera voué à devenir un "Hamastan"”, faisant référence au mouvement islamiste palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza et prône la poursuite de la lutte armée contre Israël. Un autre responsable du Likoud, à savoir le ministre des Transports, Israël Katz, a lui aussi écarté l'option d'une souveraineté palestinienne, en affirmant : “Netanyahu s'opposera à toute création d'un Etat palestinien armé aux côtés d'Israël, car un tel Etat mettrait en danger la sécurité d'Israël.” En échange, Netanyahu devrait proposer à Washington la “constitution d'une commission mixte israélo-palestinienne en vue d'une initiative de paix au Proche-Orient”, a ajouté la même source. Reste à savoir quelle sera la position de Barack Obama, qui semble déterminé à imposer cette solution des deux Etats pour clore ce conflit, vieux de 61 ans. Sera-t-il en mesure de forcer la main à son interlocuteur, qui n'a à aucun moment évoqué en public depuis sa prise de fonction la création d'un Etat palestinien, ou cédera-t-il aux pressions des lobbies juifs, dont nul n'ignore l'influence sur les locataires de la Maison-Blanche quant il s'agit des intérêts d'Israël. C'est sÛrement l'atout principal de Netanyahu face à Obama, qui devra faire preuve de beaucoup de persuasion pour le rallier à sa vision des choses. Ceci étant, en dépit de cet entêtement, les responsables israéliens minimisaient, hier, les divergences éventuelles entre le président américain Barack Obama et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. L'optimisme n'était cependant pas de rigueur chez l'opposition et les médias israéliens mettaient en garde contre le risque – même s'il n'est pas imminent – d'une crise de confiance sur fond de désaccords sur le Proche-Orient et l'Iran. Pour un dirigeant du parti centriste Kadima, Haïm Ramon, a mis en garde contre un risque de “crise politique majeure à terme entre Israël et les Etats-Unis et l'Europe” si Netanyahu “s'obstine à refuser une solution du conflit basée sur deux Etats”. Dans le même ordre d'idées, la presse israélienne s'inquiétait pour sa part de l'étendue des désaccords entre le gouvernement Netanyahu et l'administration Obama. À en croire, le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot : “La lune de miel entre Israël et les Etats-Unis est bien finie”, car, indique-t-il, “il faut être sourd et aveugle pour ne pas saisir la portée des messages qui proviennent de Washington”. Même son de cloche chez le quotidien Maariv, qui estime que “jamais depuis qu'Yitzhak Shamir était chef du gouvernement un Premier ministre israélien n'est arrivé à Washington dans un climat aussi lourd”, une référence aux rapports tendus du chef du gouvernement de droite en Israël au début des années 1990 avec Washington. Merzak Tigrine