Ils ne sont pas près d'oublier l'attaque à coups de couteau de leur collègue à quelques mètres du CHU. «Je préfère exercer en tant qu'infirmier en Europe que de continuer à subir les affres du laisser-aller constant venant de nos responsables», a dénoncé un médecin résidant du Centre hospitalo-universitaire d'Oran. Manque flagrant de sécurité et défaut criant de prise en charge des blouses blanches, sont autant d'éléments décriés par plusieurs résidants. Ces médecins qui continuent à exercer contre vents et marées estiment que leur avenir est compromis en Algérie. «Nos déboires se sont éternisés», affirment-ils. A Oran, la santé est malade tandis que la prise en charge tarde toujours à venir. Ces praticiens censés dispenser des soins aux patients, sont eux-mêmes malades. Ils se disent infectés par des pathologies qu'ils jugent incurables vu leurs conditions qui ne sont pas près de s'améliorer. Plusieurs conditions précaires se sont accumulées pour transformer la médecine, pourtant noble, en un exercice banal. «Si nous déplorons les conditions pitoyables de notre profession c'est qu'il y a péril en la demeure, notre santé est gravement malade tandis que l'insécurité règne en maîtresse des lieux dans une institution censée offrir une image exemplaire d'hygiène eu égard à sa réputation régionale» déplorent plusieurs médecins résidents au CHU d'Oran. Aussi, la colère de ces blouses blanches est motivée par plusieurs facteurs à commencer par ceux qui affichent leur «mépris» malgré leur mobilisation sans faille à servir le malade et répondre présent aux appels de leur tutelle en cas d'extrême besoin. En contrepartie, ces médecins n'ouvrent pas droit aux moyens leur permettant le minimum de commodités, affirment-ils. Ils sont plusieurs praticiens qui dénoncent l'état des lieux et les conditions d'exercice qui sont, selon eux, lamentables, voire révoltantes et ce malgré les quelques travaux de réfection opérés à la faveur des derniers projets d'embellissement et d'équipement de plusieurs services du CHU. «Hormis ces petits changements effectués, les normes d'exercice sont encore loin d'être atteintes», ont-ils dénoncé et ce, faute de décisions courageuses portant sur la refondation totale du système de travail, expliquent-ils. «Il faut prendre en charge les médecins dans tous leurs mouvements notamment dans leurs déplacements pendant la nuit.» Les alentours du géant hospitalier de Plateau (lieu d'implantation du CHU) continuent à constituer un véritable coupe-gorge pour ces blouses blanches qui n'osent plus s'éloigner de l'hôpital, pour casser la monotonie. Ces médecins ne sont pas près d'oublier la dramatique histoire qui a coûté la vie à un de leurs sconfrères lorsque ce dernier a été sauvagement agressé à coups de couteau en pleine nuit à deux pas du CHU d'Oran.