Le sujet n'est plus que rarement évoqué, voire éludé par les responsables chargés du contrôle et de la régulation des produits de consommation de base. La pomme de terre a de nouveau atteint les 55 dinars sur les étals des marchés, la tomate 70 dinars, la courgette 60... le kilo d'ail 350 dinars et la sardine 160 dinars tandis que le kilo de viande continue de se négocier autour des 800 dinars. Le citron qui culminait à 400 dinars le kilo pendant le mois de Ramadhan a baissé pavillon et n'est plus proposé qu'à 120 dinars le kilogramme comme pour attester que les spéculateurs font réellement la loi. Car comment, en effet, expliquer des écarts aussi importants de prix autrement que par la spéculation. Un phénomène qui a la peau dure et qui ne craint ni les discours menaçants, ni l'annonce de prise de décisions, sans lendemain, surtout lorsqu'elles ne sont pas accompagnées des mesures appropriées pour l'éradiquer ou à défaut le faire fléchir. Où est donc passée l'armada composée de 4000 agents que devait lancer aux trousses des spéculateurs le ministère du Commerce pour mettre un peu plus d'ordre sur les marchés? Fixer des marges aux commerçants, comme cela se pratique ailleurs dans les pays soucieux et respectueux des règle, qui régissent les rapports entre les revendeurs et les consommateurs? Les prix des fruits et légumes et des viandes (mouton, boeuf, poulet, poisson), qui ont connu une flambée que l'on pensait accessoire avec le début du mois sacré, n'a en définitive laissé aucun répit aux citoyens. Au point qu'il est même devenu presque dérisoire, mais certainement pas inutile de le rappeler. Le moment est opportun. Dans moins d'un mois il sera question d'augmentation du Snmg. Une petite bouffée d'oxygène pour le pouvoir d'achat. En l'occurrence, les petites bourses. Les salaires des plus défavorisés qu'il faut défendre. Et en ce sens, évoquer la disposition prise dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour supprimer les crédits à la consommation afin de protéger le citoyen contre le surendettement, prend toute sa dimension. Pourquoi l'instauration d'une loi pour fixer la régulation des marchés des fruits et légumes et des produits de consommation n'est-elle pas possible? Car au rythme où flambent les prix, il se pourrait que les plus démunis aient recours au prêt pour pouvoir se nourrir. Ne serait-ce pas la meilleure manière de garantir le pouvoir d'achat des catégories sociales les plus vulnérables? Cela pourrait éviter des discours et des promesses sans lendemain. Et à défaut, se prendre les pieds dans ses lacets. A la veille du début du mois sacré du Ramadhan le secrétaire général du ministère du Commerce avait assuré que «tout contrevenant qui sera pris la main dans le sac sera sévèrement sanctionné et la loi sera appliquée dans toute sa rigueur». La suite est connue. Interrogé à ce sujet, le premier responsable du département a eu, à chaque sollicitation, comme réponse, un peu comme pour avouer son impuissance: «C'est la loi du marché!» Il aurait pu, plutôt, dire: «C'est la loi de la jungle.» Cela aurait été plus approprié. Les mois passent et se ressemblent et les explications qui sont fournies pour expliquer la persistance de cette hausse des prix, en particulier celle qui frappe les fruits et légumes, reviennent comme une litanie. Elles sont incomprises de la part des consommateurs. El Hachemi Djaâboub quant à lui, persiste et signe. Cette flambée des prix, qui ne répond à aucune logique économique sauf à celle d'une spéculation qui bénéficie d'une passivité étonnante de la part des pouvoirs publics, est due selon lui à «la commercialisation de 65% des fruits et légumes qui échappe au contrôle». A ce propos, le rappel à l'ordre du président de République est sans équivoque. «J'entends qu'aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l'avenir pour justifier la limitation des capacités de l'Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leurs responsabilités entières et reprendre la situation en main», avait averti Abdelaziz Bouteflika lors d'un Conseil des ministres qui s'est tenu à la fin du mois d'août 2009.