«Si vous avez Einstein, vous ne pouvez pas le payer au même titre qu'un enseignant de l'université, c'est inconcevable.» Les cadres doivent être payés à leur juste valeur. «Si un cadre vaut 1000 dollars aux Etats-Unis, il faut qu'on le paie 1000 dollars en Algérie et pas moins», a martelé le président de la République. A partir de Sétif, à l'occasion de la rentrée universitaire 2009/2010, M.Bouteflika ne s'est pas limité à prononcer un discours. Il a adopté un langage franc et ouvert une brèche pour mettre en exergue certaines préoccupations qui sont derrière la fuite des cerveaux. Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat aborde ce sujet, mais cette fois-ci il a été intransigeant. Pour lui, le socialisme dicte que les citoyens soient tous au même niveau, mais cette règle n'est plus valable. Pourquoi? Il explique qu'il est injuste de mettre les gens sur le même piédestal. «Si vous avez Einstein, vous ne pouvez pas le payer au même titre qu'un enseignant de l'université, c'est inconcevable», a-t-il précisé avant d'ajouter qu'«il faut donner à chacun son droit». En termes plus clairs, le président de la République a appelé à ce que l'on fasse la part des choses en donnant au chercheur sa juste valeur et à l'enseignant ce qu'il mérite. Ces propos résument toute la problématique de fond, à savoir la méconnaissance des compétences et leur marginalisation et, conséquemment, la fuite des milliers de cadres algériens qui font le bonheur des centres de recherche occidentaux. D'ailleurs, le chef de l'Etat a déploré cette situation en affirmant: «Nous, on plante et ce sont les Occidentaux qui mangent nos fruits.» Sur ce point, il a tenu à souligner que «si les instituts et universités d'un pays comme les Etats-Unis ont recours à nos étudiants cela prouve que notre système est en bonne santé». S'adressant à la famille universitaire, le président de la République l'a exhortée à trouver une solution révolutionnaire en mesure de casser les barrières entre l'université, la société et le monde de l'économie. Dans ce sens, il a indiqué qu'il convient d'adopter des systèmes compensatoires plus attractifs et plus incitatifs afin d'éviter le phénomène de la fuite des compétences. «Il est impératif de doter les capacités scientifiques et techniques nationales de nouvelles compétences aux fins de garantir l'encadrement des activités de la recherche en laboratoires, unités et centres et de mettre au point les mécanismes nécessaires pour attirer les étudiants en doctorat et les intégrer au sein des institutions de recherche», a-t-il souligné. L'Etat s'engage à poursuivre son effort en matière de promotion de l'enseignement supérieur et de développement des ressources humaines dans les domaines de la recherche scientifique sans occulter la nécessité de réunir tous les moyens indispensables à l'amélioration de la qualité et de l'encadrement, et de créer un climat socioprofessionnel aux enseignants-chercheurs qui leur permettra d'accomplir leur mission dans de bonnes conditions. M.Bouteflika a salué la communauté nationale à l'étranger qui a exprimé sa disponibilité à contribuer au développement du pays. Dans son discours, il a mis l'accent sur l'importance de renforcer la relation entre l'université et le monde économique. «Je pense qu'il est temps de donner une impulsion décisive à la relation de l'université avec son environnement économique et social et d'établir un lien solide entre la sphère de la formation et celle de l'emploi». Et d'ajouter: «Cette complémentarité est désormais un impératif urgent en vue de réaliser des pôles d'excellence et de compétitivité à même d'employer les meilleures compétences pour la réalisation de recherches de développement de haut niveau.»