Photo : Riad De notre envoyé spécial à Sétif Ali Boukhlef «Si on a un ‘‘Einstein'', on ne peut pas le payer comme n'importe quel enseignant universitaire.». C'est ainsi que le président Abdelaziz Bouteflika a remis sur le devant de la scène le débat sur la rémunération des cadres, notamment les chercheurs et autres sommités algériennes établis à l'étranger. Le président de la République, qui a prononcé, jeudi dernier, un discours à l'université Ferhat Abbas de Sétif à l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire, a donc remis le doigt sur la blessure, au moment où les enseignants du supérieur -tout comme ceux des paliers inférieurs- s'apprêtent à entamer des semaines de grève, à cause notamment des conditions socioprofessionnelles. Sans citer carrément cette grogne, le chef de l'Etat a longuement abordé, en digression au discours écrit, la question de la rémunération. «La question est sensible. Mais je ne suis pas d'accord avec cette conception qui fait qu'on met tout le monde sur un pied d'égalité. Je vous demande, donc, de réfléchir à cette question et de lui trouver une solution», a-t-il dit à l'adresse des enseignants auxquels il a promis un «régime indemnitaire qui puisse attirer les compétences». Le chef de l'Etat, qui ne rate plus désormais aucune occasion de parler des élites algériennes qui émigrent à l'étranger, s'est montré compréhensif à l'égard de la réticence des chercheurs algériens établis à l'étranger. «S'ils viennent, payez-les comme s'ils étaient dans les pays occidentaux», a-t-il proposé avant de plaider pour l'établissement d'une sorte de bourse de travail. «On ne doit pas faire en sorte que, si quelqu'un est rétribué à 1 000 dollars aux Etats-Unis, il est payé à 1 000 DA chez nous». Cela ne veut pas dire, aux yeux du Président, que les salaires des enseignants vont être augmentés dans les prochains jours. «On a dit que, si on accordait un dinar à quelqu'un, c'est tout le monde, du président de la République au simple gardien, qui va demander une augmentation. C'est pour cela que nous avons mis en place un barème des salaires», allusion faite à la grille des salaires de la fonction publique. Cela dit, Abdelaziz Bouteflika a estimé qu'il est «injuste que des Algériens partent à l'étranger et oublient leur pays». La chose est, selon lui, dangereuse. Sauf que, face à ce noir tableau, il se console qu'on vienne «récupérer les étudiants algériens». Chose qu'il interprète comme une preuve que «le niveau de notre université est bon». Le reste de son discours a été consacré aux réalisations du secteur et du reste à réaliser. Le chef de l'Etat a, en effet, rappelé les avancées enregistrées dans le secteur de l'enseignement supérieur. Que ce soit au plan infrastructurel ou sur la qualité de l'enseignement, puisqu'il a loué le système LMD qui doit être «poursuivi» à ses yeux. Malgré cela, l'hôte de la capitale des Hauts Plateaux, a promis que «l'effort de l'Etat se poursuivra dans le prochain quinquennat». Il faut dire que l'effort de l'Etat est bien illustré à travers l'université de Sétif, un véritable joyau architectural. L'université qui, à son ouverture en 1978, ne comptait qu'un peu plus de 200 étudiants, en compte aujourd'hui plus de 55 000. Au cours de la journée de jeudi, Abdelaziz Bouteflika a inauguré d'autres infrastructures, à l'instar de la faculté de médecine.