L'arrestation d'un Espagnol et d'un Marocain, près des côtes de Chlef, il y a trois jours, relance la question: pourquoi les côtes de Ténès, d'El-Guelta et d'El-Marsa attirent-elles autant de monde, ces derniers temps? Avant cet accostage de deux étrangers à bord d'un puissant Zodiac bimoteur, il y eut l'arrestation, plus étrange encore, du ressortissant britannique intercepté et mis sous mandat dépôt par le magistrat-instructeur près le tribunal de Ténès, pour immigration illégale et détention de drogue (l'inculpé a été intercepté en possession d'une petite quantité à usage personnelle). Les premiers ressortissants cités ont affirmé que leur bateau avait dérivé sur les côtes, tout à fait accidentellement, tandis que le Britannique a déclaré avoir été obligé de plonger, car son bateau a coulé, avant de regagner les côtes à la nage. Pour invraisemblables que puissent être ces explications, elles ne peuvent, en aucun cas, occulter l'essentiel. Car, au vu des connexions qui se nouent et se dénouent dans la région, on peut penser sérieusement que cette région maritime dépendant de Chlef est devenue une plaque-tournante du trafic de drogue. Le même constat peut être établi pour d'autres régions, à l'Ouest, à l'Est (Tébessa), au Centre (Alger et Tizi Ouzou) et au Sud (Ouargla, Tamanrasset), où des connexions entre divers réseaux mafieux, et même terroristes, se font au grand jour. Pire que le terrorisme politique, qui, sous habillage islamiste ou autre, a démontré les limites extrêmes de sa nuisance, le terrorisme mafieux est aujourd'hui le péril même de la République. De plus en plus fort, de plus en plus performant (utilisation de scanner, informatique, Internet, etc.), ce genre nouveau de terrorisme organisé, se compose de groupes de faussaires, de proxénètes, de contrebandiers et de cigaretiers qui utilisent le crime pour contrecarrer toute concurrence ou tentative de leur faire échec. La prolifération d'un banditisme organisé, qui prend souvent des allures de terrorisme islamiste ou d'insurrection politique, n'est plus à démontrer. Le «coup» de Zéralda, il y a une semaine, ressemble, à s'y méprendre, à l'approche mafieuse de ces réseaux, malgré la «griffe» terroriste que ses auteurs ont voulu lui donner (mutilation des corps du couple surpris dans les bois). Trop d'armes circulent. Cela donne le tournis. Et aussi beaucoup de craintes. Un réseau mafieux, c'est déjà dangereux. Un réseau armé, c'est pire.