Djezzy ne pense pas que le public algérien bouderait ses services, mais elle signale que les actes de destruction l'ayant visée seraient prémédités. Le climat tendu après le match Egypte-Algérie «a permis à certaines parties jalouses du succès de Djezzy d'exploiter cette situation en vue d'inciter à la violence contre les structures et les édifices de l'entreprise». Les termes du communiqué transmis, hier à la presse, ne laissent aucun doute sur les cercles qui auraient commandité les déprédations dont ont fait l'objet le siège de la société à Dar El Beïda et 15 autres structures disséminées à travers le territoire national. Le porte-parole de Djezzy, Hamid Grine, n'a pas pu donner plus d'éclaircissements, lors de la conférence de presse qu'il a organisée dans la même journée. La question lui a été posée, de savoir si OTA soupçonne Mobilis ou Watanya d'être derrière ces saccages. Il a répondu que ces parties sont «à chercher dans le secteur d'activité de Djezzy qui ne comporte pas que des sociétés de téléphonie mobile». Les soupçons ne sont pas élevés au rang de certitudes, car il appartient à l'enquête de déterminer les responsabilités, ajoute le même responsable. Il ne manque pas d'établir un bilan estimatif des pertes s'élevant à plusieurs millions de dollars. La Caar déterminera avec précision le montant des pertes. Dans la nuit d'avant-hier, peu après 20h, 5000 personnes ont dévasté le rez-de-chaussée du siège ainsi qu'une partie du premier étage. Le reste des étages ne sont touchés que partiellement. La direction commerciale, située à quelques mètres du siège est complètement saccagée. A Hydra, la société Ring, appartenant à Djezzy, a été pillée. 70.000 téléphones portables, d'une valeur de 5 millions de dollars, sont emportés. A travers le pays, ce sont 15 boutiques qui sont visées et ayant subi des dégâts plus ou moins importants. Celles d'El Harrach, Audin, Bir Mourad Raïs sont entièrement mises à sac. Celles du Sacré Coeur et Rouiba, sont touchés dans leurs devantures. A Bouira, Aïn Defla, Béjaïa, Guelma, Sidi Bel Abbès et Khenchela, des dégâts ont aussi été constatés. Djezzy annonce qu'il y a eu des blessés parmi les policiers qui ont tenté de protéger le siège. Des agents de sécurité nous ont signalé que certains de leurs collègues étaient également blessés. Hier et avant-hier, les employés de Djezzy à Alger étaient en congé. Une cellule de crise a été mise en place pour étudier les scénarios à adopter pour les prochains jours. Hier après-midi, la police antiémeute était toujours en faction devant le siège. A quelques mètres de là, des jeunes étaient toujours à l'intérieur de la direction commerciale pour emporter ce qui reste de la déferlante de la nuit précédente. Grine souligne que la police ne peut pas être partout à la fois. Avant-hier, la foule a même tenté d'incendier les locaux. Des voisins sont intervenus pour faire avorter cette tentative. Des ordinateurs, des imprimantes, des coffres et même des porte-manteaux ont été emportés. Même le scanner servant à détecter les métaux a été jeté en dehors de la direction commerciale. Des véhicules qui se trouvaient au parking aussi ont été endommagés. La conviction de Grine est que cela ne pouvait pas être le fait de réaction spontanée de personnes mécontentes. Si c'était le cas, il pense que le fait de désactiver une puce Djezzy aurait suffi pour exprimer ce sentiment. Il s'interroge sur l'identité des parties capables financièrement d'envoyer des milliers de SMS à des abonnés pour les inciter à changer d'opérateurs. Grine évoque un autre registre pour calmer les esprits: Djezzy est une société algérienne à capitaux égyptiens et il y a beaucoup de sociétés étrangères en Algérie pour pouvoir les renvoyer hors du territoire. Ensuite, Djezzy a investi 3,5 milliards de dollars et a créé 4500 emplois directs dont une trentaine sont occupés par des expatriés et pas seulement des Egyptiens. L'un d'entre eux a d'ailleurs été agressé à l'aéroport. Ensuite, Djezzy a attribué 2 milliards de centimes à Air Algérie pour sponsoriser le transport des supporters. Des chargés de sécurité nous ont signalé que certaines personnes ont demandé des billets d'avion, avant-hier, avant de passer à l'acte et détruire tout ce qui leur tombait sous la main. Grine a démenti qu'Orascom sponsorise l'Equipe égyptienne. Selon lui, même le patron du groupe, Naguib Sawiris, soutient l'équipe algérienne et souhaite qu'elle se qualifie au Mondial. Les abonnés ne sont pas affectés par les actes de destruction. Au siège, les locaux abritant le switch ont été visités. Des serveurs jonchent le sol. Certains coûteraient jusqu'à 5 milliards de centimes. Les appels ont pu transiter par d'autres canaux. A Dely Ibrahim, un autre switch a pu être protégé par la police.