Les inconditionnels des Fennecs n'ont pas hésité à vendre des effets personnels pour rallier les Fennecs au Soudan. «Pour El Khadra, je suis prêt à vendre jusqu'à mon âme». Quelle belle preuve d'amour, d'attachement et de fidélité pour une sélection de football que celle-ci. Pour Hakim Aït Saâdi, jeune étudiant venu du fin fond de son Djurdjura natal et rencontré près de l'agence Air Algérie à la Grande-Poste, l'Equipe nationale est toute sa vie. «Décidé à décrocher un billet pour Khartoum, j'ai vendu mon laptop», avance-t-il tout de go, et d'ajouter: «Pour moi, c'est très peu face à tout ce que fait l'Equipe nationale pour l'Algérie et le peuple algérien. Nos joueurs, eux, ont laissé même leur sang au Caire. Difficile, après cela, de ne pas aller les soutenir en terre soudanaise juste parce qu'on n'a pas les moyens financiers». Selon lui, l'initiative du gouvernement algérien de baisser le prix du billet d'avion de 90.000 à 20.000 DA pour les supporters désireux se rendre au Soudan, la suppression des visas et la gratuité de l'entrée au stade soudanais El Merikh, l'ont poussé à «commettre cette petite folie». Surprise. Le cas de Hakim n'est pas unique en son genre et des folies similaires ont été commises par plus d'un. Des dizaines, pour ne pas dire des centaines d'Algériens tous âges et sexes confondus, ont eu recours à la débrouille pour avoir l'argent nécessaire leur permettant de s'acquitter des 20.000 DA le prix du billet d'avion pour se rendre à Khartoum. Houria, femme au foyer, a été plus loin en vendant «quelques petits bijoux en or» pour permettre à ses deux fils de se rendre au Soudan rejoindre leur frère aîné qui, lui, est parti directement du Caire. «Je n'ai pas pu céder à la tentation de réaliser leur rêve à mes deux enfants, surtout après toutes les facilitations. Je sais combien ils tiennent à notre équipe et franchement, il est si facile de faire des sacrifices pour Saâdane et ses joueurs qui ont relevé la tête des Algériens», avoue-t-elle, les yeux pleins de larmes et non sans lancer un strident youyou à la gloire de Madjid Bougherra et ses coéquipiers. Les filles, également, se sont mises de la partie: primo pour aller au Soudan supporter les Verts, et secondo pour prouver leur amour inconditionnel de la balle ronde, jusque-là l'apanage exclusif des hommes. «D'une pierre, deux coups», philosophent-elles. Ainsi pour le trio Radia, Amel et Houda, rencontrées au niveau de la même agence en tenue de sport aux couleurs de leur équipe fanion: «Le temps n'est plus aux hésitations. Nos joueurs, après la lâche agression dont ils ont été victimes au Caire ont, aujourd'hui plus que jamais, besoin du soutien de tout le peuple algérien qui ne les a jamais lâchés d'ailleurs». Pour ces «trois Mousquetaires», comme elles aiment se faire appeler, il leur a fallu vendre, qui son téléphone portable, qui ses boucles d'oreilles ou encore emprunter par-ci par-là pour pouvoir se permettre «les billets vers le Soudan et vers la qualification Inchallah». Elles confient, en outre, que c'est la première fois qu'elles se rendent à l'étranger et que «cela se fera grâce à des cousins et des amis qui vont nous accompagner et veiller sur nous». L'innommable agression subie par nos joueurs, nos journalistes et nos supporters au pays de Moubarak, a réveillé l'amour des Algériens pour leur pays et le feu qui brûle en ces milliers de supporters déterminés à soutenir cette «bande de vaillants combattants», jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Emouvant, mais pas étonnant quand cela vient d'un peuple fier tel que les Algériens.