Les dégâts sont très importants: les gradins sont endommagés, le matériel pillé et la tribune de presse détériorée. Les centaines de supporters présents durant la nuit d'avant-hier au niveau du stade du 5-Juillet, «étaient comme surpris d'apprendre que le prix du billet pour Khartoum est de 20.000 DA, alors que dans l'esprit de l'écrasante majorité, le sésame serait fourni gratuitement ou tout au plus, leur coûter les 5000 DA pas plus», selon un des responsables du complexe Mohamed-Boudiaf. Il a fallu moins que cela pour voir la situation dégénérer en affrontements entre les services de l'ordre et les supporters déchaînés, selon les témoignages recueillis sur les lieux. Les supporters dont les passeports ont été déposés au niveau des deux agences Air Algérie de l'avenue Pasteur et la place Audin, s'apprêtaient à récupérer leurs billets d'avion au niveau des 15 guichets ouverts au 5-Juillet à cet effet. Les accès au stade ont été fermés durant le premier jour de l'opération d'achat des billets. Cependant, le second jour, les principaux accès ouverts par les organisateurs ont permis à près de 20.000 supporters d'envahir l'enceinte du stade. Soudain, la tension monte d'un cran et la foule désabusée et déchaînée s'en est pris aux gradins et à la tribune de presse et même à la pelouse. «On n'a pas encore fait d'expertise, mais de visu, vous pouvez constater que les dégâts sont très importants: saccage des gradins, pillage du matériel entreposé, vol d'ordinateurs, détérioration de la tribune de presse et déprédation tous azimuts», déplorera le directeur du complexe du 5-Juillet qui répondait aux questions des journalistes. «Les gens sont très mal informés et cela a dégénéré en débordements; nous qui avions l'habitude de gérer ce genre de foule, nous n'étions pas associés à l'opération car avant tout il y a des réunions qui devaient se tenir», ajoutera notre interlocuteur. Le stade du 5-Juillet a été le théâtre d'une nuit d'émeute s'étalant de 21 h jusqu'à minuit. Les services de l'ordre postés sur les lieux ne pouvaient qu'assister impuissants au déchaînement de la foule de près de 20.000 personnes. La situation n'a pu être maîtrisée qu' après l'arrivée des renforts dépêchés sur les lieux. En effet, un dispositif impressionnant des services antiémeute mis en place est aperçu hier à l'intérieur et aux alentours du stade. Les bris de verre et des tas de paperasse administrative jonchent encore le sol. Les sièges des gradins étaient arrachés et jetés sur la pelouse. A notre arrivée, les agents d'Air Algérie qui ne savaient plus où donner de la tête n'ont pas encore fini de trier les passeports ramassés à même le sol. «Nous avons reçu en tout plus de 12.000 passeports», dira un des responsable d'Air Algérie ne voulant pas décliner son identité, et d'ajouter: «Nous venons à peine d'écouler 150 billets que les affrontements ont éclaté et la suite est connue». Toutefois, ce dernier a refuté l'information selon laquelle «le restant de billets a été volé». Selon quelques informations recueillies hier sur les lieux, un nombre important de supporters a été interpellé par les services de sécurité. Présent hier au stade, le jeune Abdelkrim, originaire de Kouba, qui a renoncé à son petit projet d'achat d'un mouton de l'Aïd, ne veut pas lâcher prise. «Il ne me reste à débrouiller que 6000 DA pour décrocher le sésame, dès que je récupère mon passeport, j'irai tout droit à l'aéroport pour m'acheter un billet», dira-t-il sans savoir qu'une autre foire d'empoigne l'attendait à l'aéroport international où sont orientés tous les supporters auxquels on a restitué les passeports. Selon quelques indiscrétions, tout le monde ne pourra pas se rendre à Khartoum: s'il n'y a pas de vols supplémentaires, les jeunes qui se sont amassés au stade du 5-Juillet vont repartir bredouille. Car les 9000 billets seraient déjà épuisés dans le cadre de près de trente vols programmés vers Khartoum. Rafik, Fouad et Abdellah, qui ont de quoi payer leur billet, attendent avec impatience la restitution de leurs passeports.