Le président Karzaï avait, une nouvelle fois, appelé les taliban à rejoindre le processus politique lors de son discours d'investiture pour un nouveau mandat de cinq ans, jeudi dernier. Le mollah Mohammed Omar, chef suprême des taliban, a refusé de nouveau la main tendue par le président afghan Hamid Karzaï et toute idée de négociation avec les autorités, dans un message rendu public hier, à l'occasion de la fête de l'Aïd al Adha. Le président Hamid Karzaï avait une nouvelle fois appelé les taliban à rejoindre le processus politique lors de son discours d'investiture pour un nouveau mandat de cinq ans jeudi dernier, promettant la tenue d'une «loya jirga», assemblée tribal traditionnelle, pour ramener la paix dans le pays. «Les envahisseurs ne veulent pas de négociations destinées à garantir l'indépendance de l'Afghanistan et la fin de leur invasion, mais seulement prolonger leur occupation diabolique», a affirmé le mollah Omar, «commandeur des croyants» autoproclamé et chef de «l'Emirat islamique en Afghanistan», dans ce message, diffusé par les taliban aux médias dans un communiqué en anglais. «Mais le peuple afghan refusera toute négociation qui prolongera et légitimera la présence militaire des envahisseurs dans notre patrie», a-t-il ajouté, qualifiant une nouvelle fois le régime de Kaboul de «marionnette» et de «laquais» des Américains. Depuis deux ans, des négociations se tiendraient sous l'égide de l'Arabie saoudite entre des représentants du gouvernement afghan et des anciens responsables du régime des taliban (1996-2001), mais le mollah Omar a toujours affirmé que ces derniers ne représentaient plus le mouvement. Il a aussi félicité les Afghans pour avoir mis en échec «la farce américaine en refusant de participer à l'élection présidentielle». Le scrutin du 20 août a été marqué par plus de 60% d'abstention et des fraudes massives en faveur du sortant Karzaï. Le chef des taliban a aussi appelé les «moudjahidine» à se soucier davantage de protéger la population lors des attentats suicides. «Concentrez-vous sur les envahisseurs et leurs laquais. Il en va de la responsabilité de chaque musulman d'éviter des pertes parmi les civils. La charia ne permet pas le meurtre de civils», a souligné le mollah Omar. «Notre ennemi rusé lance des attaques sanguinaires visant des concentrations publiques qu'il tente de nous attribuer pour salir notre nom», a-t-il assuré. Les attentats des taliban visent principalement les forces de sécurité afghanes et internationales, mais les civils afghans en sont le plus souvent victimes. D'après les Nations unies, 2118 civils ont été tués dans des violences en 2008, dont 55% du fait des insurgés. Enfin, mollah Omar a lancé un appel aux populations des pays européens qui ont déployé des soldats en Afghanistan. «Chaque jour, nos enfants, nos vieillards et nos femmes sont martyrisées par vos bombardements (...). Lutter contre ces atrocités est un droit légitime», a-t-il estimé. «Tout ce que nous souhaitons, c'est l'établissement d'un régime islamique indépendant dans notre pays, qui protège les droits des hommes comme des femmes, basé sur ce principe musulman: ne pas blesser les autres et ne pas permettre aux autres de nous blesser», a conclu mollah Omar. En fuite depuis 2001, le mollah Omar, 50 ans, est le chef des milices islamistes qui ont dirigé l'Afghanistan de septembre 1996 à novembre 2001 en y faisant appliquer la loi islamique la plus radicale.