Kaboul estime «négatives» les arrestations effectuées ces dernières semaines au Pakistan de chefs des taliban alors que des «discussions» étaient en cours entre les parties. L'arrestation de plusieurs chefs taliban au Pakistan a eu un «impact négatif» sur le «processus de paix», engagé par le gouvernement en direction des insurgés, a déclaré hier Siamak Hirawi, porte-parole du président afghan Hamid Karzaï. «Nous confirmons que les arrestations ont eu un impact négatif sur le processus de paix dont le gouvernement afghan a pris l'initiative», a déclaré M.Hirawi, porte-parole adjoint du chef de l'Etat, interrogé sur les récentes arrestations au Pakistan de hauts responsables taliban, dont le mollah Abdul Ghani Baradar. Il s'agit de la première confirmation officielle par le gouvernement afghan du fait que des contacts avaient été pris avec les taliban pour mettre un terme à l'insurrection entrée dans sa neuvième année. Le mollah Abdul Ghani Baradar est présenté dans les médias américains et par certains experts comme le commandant des opérations militaires des insurgés et un proche du mollah Omar, le chef suprême des taliban. M.Hirawi a en outre confirmé hier que l'ex-représentant de l'ONU en Afghanistan, le Norvégien Kai Eide, avait eu des pourparlers avec des responsables taliban, et en avait informé le gouvernement afghan. M.Eide a déploré vendredi sur la BBC que ces coups de filet aient mis à mal un canal secret de communications entre les Nations unies et les taliban. Selon M.Eude, les récentes arrestations de hauts responsables taliban au Pakistan ont interrompu un canal secret de communications avec les Nations unies. M.Eide, dont la mission s'est terminée ce mois-ci, confirme ainsi pour la première fois qu'il menait des discussions avec des taliban entamées selon lui il y a environ un an. Des discussions en tête-à-tête ont eu lieu avec «de hauts responsables au sein du leadership taliban» à Dubaï et en d'autres lieux, a déclaré le diplomate, précisant qu'il pensait que le mollah Omar avait donné son feu vert à ces contacts. «J'ai évidemment rencontré des dirigeants taliban lorsque j'étais en Afghanistan», a déclaré M.Eide depuis Oslo. «Le premier contact a probablement eu lieu au printemps dernier, puis bien sûr nous sommes entrés dans le processus électoral et il y a eu une pause dans cette activité», a-t-il dit. Il a expliqué que les contacts avaient repris une fois le processus électoral achevé et qu'ils s'étaient même «intensifiés jusqu'à un certain moment, il y a quelques semaines». Le diplomate se référait à la capture de plusieurs commandants taliban au Pakistan ces dernières semaines, dont le mollah Baradar, saluée par les Etats-Unis comme étant un signe de la volonté du Pakistan d'agir contre les taliban afghans sur leur territoire. Mais, a-t-il souligné, «l'impact de ces (arrestations) a été, au total, clairement négatif sur notre possibilité de poursuivre un processus politique que nous estimions nécessaire à ce moment-là». Il a suggéré que le Pakistan avait délibérément tenté de saper les discussions. «Je ne pense pas que ces gens aient été arrêtés par pure coïncidence. Ils (les Pakistanais) devaient savoir qui ils étaient, le rôle qu'ils jouaient et vous voyez le résultat aujourd'hui», a-t-il dit. Jusqu'alors, les services de M.Karzaï indiquaient qu'aucun contact «direct» n'avait été établi avec les taliban et refusaient de s'exprimer sur d'éventuels contacts indirects. Selon M.Hirawi, ces pourparlers faisaient partie d'une démarche engagée par les Nations unies pour appuyer le processus de paix voulu par le gouvernement afghan. «Les efforts de M.Kai étaient complémentaires aux efforts du gouvernement afghan», a-t-il dit. Il n'a par ailleurs jamais été fait mention officiellement de contacts avec les dirigeants du mouvement insurgé. «La communauté internationale était d'accord avec nous sur le fait que les Afghans sans liens avec des services de renseignement étrangers ou des organisations terroristes (peuvent prendre part à ce processus)», a-t-il ajouté, faisant apparemment allusion au Pakistan et à Al Qaîda.