Réfugiés dans l'est de la RDC depuis le génocide de 1994 au Rwanda, ces rebelles se sont regroupés en 2000 au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr). Les rebelles hutu rwandais qui sévissent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ont bâti un réseau de financement et de soutien international, qui fait échec à toute tentative de neutralisation, selon un rapport d'experts de l'ONU. Dans ce rapport transmis début novembre au Conseil de sécurité de l'ONU, qui n'a pas été rendu public, les experts affirment que ces rebelles FDLR ont notamment reçu le soutien de membres d'organisations caritatives espagnoles et parviennent via des intermédiaires, notamment ougandais, à exporter des minerais. Le groupe d'experts cite des compagnies britannique, malaisienne ou thaïlandaise, qui achèteraient des pierres issues de mines contrôlées par des rebelles. Réfugiés dans l'est de l'ex-Zaïre depuis le génocide de 1994 qui visait essentiellement la minorité tutsi au Rwanda, ces rebelles se sont regroupés en 2000 au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Certains de ces combattants, dont le nombre est estimé à environ 5000 en RDC, ont activement participé au génocide. Les experts, dont la mission a duré plus de six mois, affirment que «les opérations militaires menées contre les FDLR ont échoué à démanteler les structures politiques et militaires de l'organisation» qui continue à recruter et s'est réinstallée dans de nombreuses zones d'où elle avait été chassée en 2009. Les rebelles «continuent à bénéficier d'un appui significatif d'officiers» de l'armée congolaise - qui les a longtemps soutenus - et ont «passé des alliances stratégiques avec d'autres groupes armés», selon le rapport. Surtout, affirment les experts, les FDLR ont fait jouer leurs «réseaux de soutien régionaux et internationaux pour contrer les effets» des dernières offensives contre eux. Les FDLR «ont reçu d'importantes cargaisons d'armes et de munitions en 2009 (...) en provenance de Tanzanie» et se serviraient du Burundi comme «base-arrière» notamment pour le recrutement de combattants. Sur place, les experts désignent plusieurs personnalités étrangères qui ont «apporté un soutien financier et matériel régulier aux FDLR», citant des membres de «Fundacio S'Olivar» et de «Inshuti», deux organisations caritatives espagnoles qui seraient «financées par le gouvernement des Iles Baléares». Sur la base de témoignages d'un officier des FDLR, les experts rapportent que le président d'Inshuti, l'Espagnol Joan Casoliva, qui avait des contacts au sein du gouvernement des Baléares, avait promis de «lever jusqu'à 200.000 dollars pour les FDLR» et aurait fait parvenir des fonds aux rebelles avec l'aide d'un prêtre belge basé en Tanzanie. Le gouvernement des Baléares a réagi, en affirmant que la fondation S'Olivar a toujours travaillé «pour la défense de la paix, de la justice et de la solidarité, en appliquant toujours les principes pacifistes et non violents». Inshuti n'a pu être contactée. Les experts déplorent enfin le manque de coopération des pays occidentaux, parmi lesquels la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, où sont installés des cadres des FDLR en liaison régulière avec les combattants en RDC. Les enquêteurs onusiens réclament de pouvoir identifier des numéros de téléphone: ils ont notamment fait «en vain» une demande à la France pour 21 numéros ayant été en contact avec des téléphones satellitaires détenus par des FDLR. Persuadé que sans soutien extérieur, la capacité de nuisance des rebelles serait «considérablement diminuée», le groupe plaide pour une «approche commune» par tous les pays concernés par l'activité des FDLR et recommande au Conseil de sécurité d'inciter au lancement de mandats contre les principaux leaders rebelles vivant à l'étranger.