Kinshasa demande que le mandat, d'habitude reconduit pour un an, le soit pour six mois afin d'enclencher en juin 2010, pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'ex-Congo belge, un retrait graduel sur un an. Le Conseil de sécurité est face à un casse-tête en République démocratique du Congo (RDC), où il doit proroger et peut-être repenser le mandat de la Monuc, la force de paix de l'ONU sur laquelle pleuvent les critiques et dont Kinshasa souhaite être débarrassé. Selon des diplomates siégeant au Conseil, la reconduction du mandat de la Monuc, prévue pour le 21 décembre, suscite «un débat très difficile». Il porte sur deux points: la poursuite ou non du soutien de l'ONU à l'opération controversée «Kimia 2» contre les rebelles hutu rwandais dans l'est de la RDC, et la durée de reconduction du mandat de la Monuc, déployée depuis 10 ans et que le président Joseph Kabila aimerait voir partir prochainement. Kinshasa demande que le mandat, d'habitude reconduit pour un an, le soit pour six mois afin d'enclencher en juin 2010, pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'ex-Congo belge, un retrait graduel sur un an. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, recommande d'ailleurs, dans un rapport sur la RDC publié mardi, une reconduction pour six mois. «C'est une vraie question qui nous est posée: va-t-on s'engager dans cette transition?», s'interroge l'ambassadeur de France, Gérard Araud. «Si le pays hôte le demande, il est difficile de dire non, mais comment faire en sorte que cette transition soit réussie et n'oblige pas la communauté internationale à revenir dans quelques années?», ajoute-t-il. «Il faudrait mettre l'accent sur la formation de l'armée, de la police et de la justice congolaises et sur le développement économique», avance M.Araud, estimant que l'Union européenne «pourrait monter en puissance». Le gouvernement congolais peine à tenir un pays immense face aux multiples milices armées qui sévissent sur ses frontières de l'Est, avec une armée indisciplinée et des infrastructures détruites par des années de gabegie et de guerre civile. En 10 ans, le conflit a fait deux millions de morts, selon les ONG. Selon un diplomate, devant une crise mobilisant près de 20.000 Casques bleus pour un coût d'1,3 milliard de dollars par an, «il y a (au Conseil de sécurité), une forte tentation d'accepter la demande de M.Kabila», dit-il. «Nous serions ravis d'opérer un retrait si nous étions sûrs que l'armée congolaise n'allait pas se livrer aux pillages et aux viols dans les Kivus», renchérit un autre diplomate. Dans l'immédiat, le Conseil devra décider s'il maintient le mandat en l'état ou le modifie pour tenir compte de critiques accablantes de l'opération Kimia 2 formulées par des experts de l'ONU. Selon eux, l'armée congolaise et les Casques bleus qui l'appuient ont échoué à démanteler les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr) installées dans l'est de la RDC depuis le génocide de 1994 au Rwanda. Ces opérations, menées en janvier-février par Kigali et Kinshasa puis par l'armée congolaise seule avec le soutien de la Monuc, ont aggravé la crise humanitaire au Nord et Sud-Kivu, où des centaines de civils ont été tués, des villages pillés et incendiés, et des centaines de milliers de personnes ont fui les violences, selon ces experts. En outre, un rapporteur spécial de l'ONU a accusé l'armée congolaise de se livrer aux pires exactions sur la population civile dans les zones de combat. «D'un côté, le secrétariat (de l'ONU) dit que le soutien de la Monuc à Kimia 2 est nécessaire, que les FDLR sont en recul et donc que la situation s'améliore sur le terrain, de l'autre, les ONG disent que les armées congolaises que nous soutenons se livrent à des exactions insupportables», résume le premier diplomate.