La Kabylie a accueilli avec un certain soulagement cette annonce qui est vue comme le prélude à un retour progressif à la sérénité. La rue, quant à elle, a reçu la nouvelle de la participation du FFS tantôt avec soulagement, tantôt avec une pointe de scepticisme. Il est vrai que toutes les personnes rencontrées se sont montrées partagées: entre un oui ferme ou un oui, mais. Les adeptes du refus, étant minoritaires, les détracteurs du plus vieux parti d'opposition expliquent leur réaction de rejet en affirmant: «Rien n'a réellement changé. Les détenus sont toujours en prison et le règne de la hogra a pignon sur rue!». Ils semblent si sûrs de leur raisonnement qu'ils assurent que «le FFS sera bien obligé de se retirer de la course, bien avant le 10 octobre, quand il aura compris qu'il s'est fourvoyé dans une impasse!». En revanche, d'autres personnes, plus nombreuses, ont accueilli avec un certain soulagement la décision du parti de Hocine Aït Ahmed. Slimane, cadre dans une entreprise, explique combien il a attendu ce geste de la part des politiques: «Seul, le FFS est en mesure de casser ce tabou!». Après avoir tenu à préciser qu'il n'est nullement encarté, ni au FFS ni dans un autre parti, il ajoute: «Il faudra juste que les assurances données au FFS, concernant les détenus et les autres points, se matérialisent sur le terrain!» C'est à quelques mots près, le même raisonnement tenu par un groupe de personnes âgées en pleine discussion: «Tizi Ouzou ne se reconnaît plus! Il est temps que cela change! Oui, le mouvement citoyen est animé de bonnes intentions, mais trop, c'est trop! Refuser le dialogue, ne pas voter, chasser les chefs de daïra ! Et quoi encore?» Quand on aborde avec eux et patiemment le sort des détenus, la plate-forme d'El-Kseur, les victimes du Printemps noir, le groupe change son fusil d'épaule. L'un d'eux, apparemment le plus politique, résume: «On n'est pas contre le combat pour la citoyenneté, bien au contraire! Mais, ce dont il s'agit, c'est de l'avenir de la région et des citoyens!». Rencontré à Tizi Ouzou, un citoyen de Tigzirt, proche de la Cadc, se déclare «sérieusement remué par l'entrée en lice du FFS, cette position risque fort d'ébranler le mouvement citoyen!» Et le même de «croiser les doigts pour que cela ne vire pas à un duel : Cadc-FFS». En fait, la question a besoin de mûrir encore et le débat est à peine entamé. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, hier, et signée de la présidence tournante, la Cadc, après avoir retracé un bref historique de la situation ayant amené à la création du mouvement citoyen, réaffirme que «l'objectif unique du mouvement citoyen, dont il ne s'est à aucun instant dévié, est la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur.» La déclaration met également en exergue le fait que «le mouvement n'a mandaté personne pour négocier la libération des détenus». La Cadc rejette clairement «l'option de la prise d'arme comme moyen de lutte». Enfin, le mouvement citoyen qui affirme «être fort de sa représentativité et de ses capacités à mobiliser des millions de citoyennes et de citoyens, tout en refusant la capitulation et la reddition, est déterminé à faire aboutir ses revendications justes, légitimes et démocratiques» martèle: «Le rejet de toutes les consultations électorales ne constitue pas un objectif à atteindre, mais un moyen pour exercer des pressions sur les tenants du régime totalitaire et dictatorial...»