A la veille de la date limite des dépôts de listes des candidats aux élections locales, les différentes parties s'observent en chiens de faïence. Différemment appréhendées, les élections locales ne laissent, finalement, personne indifférent, bien au contraire. Les partis politiques et les indépendants mettent les bouchées doubles pour être fin prêts, au moment voulu. Ainsi à Tizi Ouzou, 7 partis politiques - FFS, FLN, RND, PNSD, RA, MNJA et PT - pour les seules wilayas et plus de seize listes indépendantes ont été recensées, jusqu'à hier: 2 à Draâ Ben-Khedda, 2 à Tizi Ouzou, 1 à Aït Aïssa-Mimoune, 1 à Ouacif, 1 à Friha, 2 à TiziGheniff, 1 à Tizi Rached, 1 aussi bien à Tirmitine qu'à Aït-Oumalou ou à Draâ El-Mizan, etc. Les partis politiques les plus en vue dans la région comme le FFS et plus loin derrière, le FLN et le RND, s'emploient fébrilement à confectionner leurs listes de candidature. Au niveau de la fédération FFS, le premier secrétaire, M.Moussa Diaf, affirme «être submergé par le flux des candidatures». Il poursuit en montrant une pile de dossiers: «Il y a vraiment du pain sur la planche, la commission de wilaya travaille d'arrache-pied et je crois qu'il faudra une rallonge quant au délai de dépôt!». A propos de régions considérées comme difficiles, le premier secrétaire dira: «Je ne pense pas qu'il faille parler de région difficile, mais plutôt de zone où une certaine propagande a fait son lit. De toute façon, des sorties sur le terrain seront incessamment faites, nous allons développer notre vision et alors, on verra...». Et de conclure: «Le FFS, émanation de la population, fait confiance à celle-ci et nous avons toujours été payés en retour!». Le mouvement citoyen, quant à lui, campe sur ses positions de rejet de la consultation du 10 octobre. Un délégué de la coordination des Ath-Zmenzer, ayant pris attache avec notre bureau de Tizi Ouzou, a fait part de ses convictions. Ainsi, pour M.Mohamed Haddadou: «On ne désespère pas d'arriver au même consensus, comme celui qui a présidé lors des dernières législatives.» A propos de l'entrée en lice du FFS, le délégué explique: «Nous avons confiance et nous souhaitons de tout coeur que ce parti se retire de la course.» Sur l'éventualité d'un empêchement de la consultation électorale, le délégué dira: «Tout dépend des consultations en cours avec les partis politiques et la décision revient finalement à l'interwilayas qui se réunira, le 30 de ce mois, à Béjaïa.» Enfin, le délégué revient sur les modalités techniques du rejet, affichage des listes des candidats, accusés de «traîtrise», mise en oeuvre des sanctions (mise en quarantaine), conférences, meetings...La rue, pour sa part, semble opérer une sorte de wait and see. Certes, et en aparté, les gens avouent leur fatigue et leur désir de sortir du cycle infernal, action-répression. Pour beaucoup d'entre eux, qui ne dédouanent aucunement le pouvoir, loin de là, «la Kabylie a trop chèrement payé! 117 morts, des centaines de blessés, il est certes difficile de faire en sorte qu'il ne se soit rien passé! Mais il est bon que tout le monde s'assoie autour d'une table...».La population, du moins une importante partie, a accueilli avec «soulagement» l'entrée en lice du FFS. Tous pensent que «ce parti n'est pas entré en lice pour de simples sièges d'APC», mais qu'«Aït Ahmed n'a pas accepté d'y aller pour rien!».