Plus de deux tonnes de kif ont été récupérées. Les narcotrafiquants usent désormais d'armes de guerre pour convoyer leurs passeurs. En effet, la criminalité transfrontalière prend de l'ampleur en épousant le dangereux axe qu'est le recours à l'usage d'armes de guerre.Ainsi, des fusils-mitrailleurs et des pistolets automatiques ont été saisis au cours de plusieurs opérations récentes diligentées par les unités des gardes-frontières de la Gendarmerie nationale dans le Grand Sud. Les éléments des gardes-frontières de Hassi Zegdou, dans la wilaya de Tindouf, ont tendu une embuscade jeudi sur la piste de de Tabelbala et ouvert le feu en direction de trois véhicules de narcotrafiquants. La fouille de deux véhicules immobilisés, le troisième étant en fuite, a permis la saisie d'un pistolet-mitrailleur de marque Kalachnikov avec trois chargeurs garnis et une quantité de plus de deux tonnes de kif traité, soit 2631 kilogrammes. Par ailleurs, treize kilogrammes de cannabis ont été saisis chez un trafiquant appréhendé jeudi soir en plein centre-ville de Ghardaïa. Selon la Sûreté de wilaya, la drogue, conditionnée sous forme de plaquettes, était destinée à la commercialisation locale. Agissant sur renseignements, et après une filature de trois mois, le dealer a été arrêté au moment où il tentait d'écouler une partie de la marchandise prohibée, a-t-on précisé. Ces deux opérations des services de la Sûreté ne sont pas isolées en elles-mêmes. Elles ne sont qu'une partie des efforts déployés pour contrer le développement de la criminalité, toutes tendances confondues, qui s'amplifie et se répand fort dangereusement à travers tout le pays. Ce constat est vérifiable à la lecture des communiqués transmis quasi quotidiennement à la presse pour publication, par les services des gardes-frontières, de la Gendarmerie nationale ainsi que par ceux de la Protection civile et des Douanes. Faut-il aussi rappeler, ici, l'appel pressant lancé en avril 2009 par les responsables de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt). C'est une véritable sonnette d'alarme qui avait été alors tirée au regard de l'augmentation des quantités de cannabis, saisies ces dernières années. A cet effet, le directeur général de l'Onldt, Abdelmalek Sayeh, a mis en garde la menace qui guette l'Algérie et qui compromet sérieusement son avenir. Il a relevé que le fléau de la drogue prend une «ampleur alarmante», dans ses vecteurs de vente et de consommation. C'est ce qu'il avait alors déclaré lors d'une rencontre de trois jours organisée par l'Onldt, en collaboration avec l'organisme français «Groupe Pompidou». Le malaise social qui découle de ce trafic touche hélas surtout les jeunes qui sont, de plus en plus, à la recherche d'un refuge dans la drogue. D'autre part, l'Onldt a souligné que l'Algérie séduit les trafiquants par sa position géographique aux portes de l'Europe. Une grande partie de la production marocaine de cannabis passe par nombre de ports algériens vers l'Europe. 73,87% transitent vers l'Europe et 26,13% sont destinés à la consommation locale. Les localités de prédilection des réseaux de trafic de cannabis sont situées le long des frontières algéro-marocaines, en plus de celles d'El Bayadh, de Naâma et d'Oued Souf dans le Sud-Est. Durant la période allant de 1992 à 2008, 116,4 tonnes de cannabis ont été saisies dont 38 tonnes en 2008... des chiffres hallucinants.