Des groupes de l'opposition se préparent à manifester lundi en Iran à l'occasion de la Journée nationale de l'étudiant, malgré les mises en garde des autorités affirmant qu'aucun rassemblement «illégal» ne sera toléré. Plusieurs sites Internet proches de l'opposition réformatrice ont appelé ces derniers jours la population à manifester le 7 décembre autour des principales universités de Téhéran. Des centaines d'étudiants ont également signé une pétition pour demander aux leaders de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux candidats malheureux à l'élection présidentielle contestée de juin dernier, de participer aux cérémonies en solidarité avec les étudiants. La journée de l'étudiant commémore la mort de trois étudiants le 7 décembre 1953 à Téhéran, lors de l'intervention de la police de l'ancien régime contre une manifestation hostile à une visite du vice-président américain Richard Nixon quelques mois après le renversement du gouvernement du Premier ministre nationaliste Mohammed Mossadegh avec l'aide de la CIA. Tous les ans, une manifestation est organisée pour marquer cet anniversaire, mais les dirigeants iraniens ont multiplié ces derniers jours les mises en garde contre tout rassemblement «illégal». La présence policière a été renforcée, tandis que des sites Internet proches de l'opposition ont fait état de l'arrestation préventive de dizaines d'étudiants. «La journée du 16 Azar (7 décembre) est la journée de lutte contre l'oppression mondiale (...) Si certains veulent créer des troubles, la police interviendra et ne le permettra pas», a averti le chef de la police de Téhéran, le commandant Azizollah Rajabzadeh. Le procureur général du pays, Gholamhossein Mohseni Ejeie, a affirmé de son côté que le pouvoir était «déterminé à agir avec fermeté contre les manifestants qui veulent créer des troubles». Plusieurs responsables ont également affirmé qu'aucune autorisation ne sera accordée pour des rassemblements en dehors des universités. Soulignant que ses forces étaient prêtes elles aussi à intervenir, le commandant des Gardiens de la révolution de la région de Téhéran, le général Ali Fazli, a toutefois estimé qu'il ne se passerait «rien de spécial» lundi (demain). Depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin, et les grands rassemblements de protestation qui avaient suivi, l'opposition a profité de plusieurs manifestations officielles pour protester contre les résultats du scrutin. Le 4 novembre, anniversaire de la prise de l'ambassade américaine par des étudiants islamistes en 1979, des milliers d'opposants sont descendus dans la rue. Une centaine de manifestants ont été arrêtés. Le 18 septembre, des dizaines de milliers d'opposants avaient profité d'une marche officielle de solidarité avec les Palestiniens pour manifester. Le site Internet de l'opposition Mowjcamp.com a prévenu que «les manifestants pourraient faire face à une action violente» des forces de l'ordre, et s'est demandé comment assurer «une forte présence dans la rue avec le minimum de dégâts». Quelque 4000 personnes ont été arrêtées dans les manifestations qui ont suivi l'élection présidentielle, selon les autorités. La plupart ont été libérées mais quelque 140 opposants, dont des leaders réformateurs, ont été jugés et condamnés pour complot contre le pouvoir. Officiellement, 36 personnes ont été tuées lors des manifestations du mois de juin, alors que l'opposition parle de 72 morts.