Le président afghan, Hamid Karzaï, réélu pour cinq ans au terme d'une élection chaotique et entachée de fraudes, soumettra aujourd'hui la composition d'une partie de son nouveau gouvernement au Parlement, a annoncé hier son porte-parole. «Le président a l'intention de présenter certains membres de son nouveau gouvernement au Parlement aujourd'hui», a indiqué Siamak Herawi, l'un des porte-parole de la présidence. «Ce sera très probablement une grande partie du futur gouvernement, la plupart (des ministres) seront annoncés», a-t-il ajouté, sans plus de précisions. M.Karzaï, 51 ans a été réélu à l'issue d'un scrutin présidentiel calamiteux marqué par des fraudes massives en sa faveur lors du premier tour de la présidentielle le 20 août. Il est depuis sous la pression de la communauté internationale pour s'attaquer à la corruption endémique qui ronge le pays et présenter un gouvernement efficace dans la lutte contre les taliban. Washington, qui a décidé de déployer 30.000 soldats supplémentaires dans le pays, a ainsi prévenu que l'aide financière américaine serait désormais conditionnée aux efforts en matière de lutte contre la corruption. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait également suggéré, fin novembre, au président Karzaï de recruter des ministres ayant un profil d'experts plutôt que des chefs de guerre. Le Parlement doit accorder sa confiance par un vote au nouveau gouvernement avant que celui-ci ne puisse commencer son travail. Après sa prestation de serment, le 19 novembre, le chef de l'Etat avait lui-même investi ses deux vice-présidents, des anciens chefs de guerre à la réputation controversée: Hazara Karim Khalili et surtout le «maréchal à vie» Muhammad Qasim Fahim, un Tadjik, ancien leader de la résistance contre les Soviétiques. Ce dernier est notamment accusé par l'organisation Human Rights Watch de violations des droits de l'homme et de trafic de drogue. Le gouvernement sortant compte 25 ministres. Dans une interview diffusée dimanche sur CNN, le président afghan a promis d'éradiquer la corruption dans les instances du pouvoir tout en estimant que les critiques occidentales à ce sujet reflétaient une vision «exagérée» du phénomène. «Le problème de la corruption a été exagéré politiquement par certains de nos partenaires de la communauté internationale», a déclaré le président afghan. Mais le gouvernement afghan «s'attaquera à cette question et à tous les problèmes qui sont ceux de l'Afghanistan», a promis M.Karzaï. «C'est de notre responsabilité, et nous devons le faire», a-t-il affirmé.