La série noire continue en Irak. Au moins 58 personnes ont été tuées et 118 autres blessées hier dans une série d'attentats en Irak. Ce terrible bain de sang intervient alors que les urnes n'ont pas encore désigné un vainqueur aux dernières élections législatives. Il intervient également quelques jours après l'annonce en fanfare de la mort des deux principaux chefs d'Al Qaîda dans le pays. Deux attentats à la voiture piégée contre une permanence du mouvement du chef radical Moqtada Sadr et un marché à Sadr city, un quartier chiite pauvre dans le nord de la ville, ont fait 39 tués et 56 blessés, selon une source au sein du ministère de l'Intérieur. Trois autres attentats ont visé des mosquées chiites. Ces actes innommables contre des lieux de culte, le premier a tué cinq personnes et blessé 14 autres après l'explosion d'une voiture piégée en face de la mosquée chiite Abdel Hadi Chalabi, du nom du père de l'homme politique, Ahmad Chalabi, dans le quartier nord de Hourriya. Une autre voiture a explosé près de la mosquée chiite Mohsen al-Hakim, à al-Amine, dans l'est de Baghdad, faisant 8 tués et 23 blessés. Un autre engin piégé, placé derrière l'autre mosquée chiite al-Sadrein, à Zaâfaraniya, dans le centre-ville, a fait six blessés. Ces attaques contre les symboles chiites confirment si besoin est que la guerre confessionnelle n'est pas près de prendre fin dans un Irak exsangue que ni les Américains et encore moins les urnes ne semblent en mesure de normaliser. Les mosquées, cibles privilégiées Une autre voiture piégée a en outre visé un marché près de la rue Haïfa, également dans le centre de la capitale, faisant sept blessés. Six personnes, dont une femme, un enfant et un militaire, ont également péri dans quatre explosions contre des habitations à Khaldiya, à 75 km à l'ouest de Baghdad, a indiqué la police irakienne. Ces explosions d'engins artisanaux et de plastic ont visé les maisons d'un magistrat antiterroriste, d'un lieutenant de police, et de deux habitants, a précisé un lieutenant de police, Khodr Ahmad al-Alwani. Le chef politique d'Al Qaîda en Irak, Abou Omar al-Bagdadi, et le chef militaire Abou Ayyoub al-Masri, ont été tués dimanche lors d'une opération conjointe des forces irakiennes et américaines. Le lendemain, c'était au tour du chef militaire d'Al Qaîda dans le nord du pays de tomber sous les balles des forces de sécurité. Le porte-parole du commandement militaire de Baghdad, le général Qassam Atta, avait affirmé jeudi que c'est l'arrestation en mars du chef d'Al Qaîda pour Baghdad qui avait permis de lancer l'opération « Saut du Lion » au cours de laquelle 86 membres d'Al Qaîda avaient été arrêtés. Or, ce « Saut du Lion » s'apparente visiblement à un saut dans l'inconnu dès lors que les massacres collectifs sont devenus presque quotidiens et que la crise politique va en s'aggravant. Le regain des attentats à l'explosif qui ont tué près d'un millier de personnes depuis le « retrait » en juillet dernier des troupes américaines des centres urbains, dénote aussi de l'incapacité des forces irakiennes à assurer la sécurité du pays. Les déclarations faussement rassurantes de Nouri El Maliki se sont avérées n'être que de simples rodomontades destinées sans doute à booster sa campagne. C'est dire que, « Saut du Lion » ou pas, le « tigre » d'Al Qaîda fait plus que résister en Irak. Et c'est malheureusement le fleuve de sang qui s'étire à n'en plus finir.