Un seul acte de piraterie réussi représente des dizaines de millions de dollars qui serviront à acheter des armes en provenance des anciennes Républiques soviétiques. La connexion entre le Gspc, branche d'Al Qaîda au Maghreb et les tribunaux islamiques de la Somalie ne fait plus aucun doute, selon des sources très bien informées et très au fait du contexte sécuritaire. Avec l'instabilité politique et la présence de groupes armés de différentes obédiences au Tchad, au Mali, au Niger et maintenant en Mauritanie, c'est l'ensemble de la région du Sahel qui se retrouve dans «la gueule du loup». Un fait très important établi par les services de sécurité algériens et que les Occidentaux ont relevé à plusieurs reprises: selon nos sources, les groupes de pirates somaliens ne constituent pas seulement une extension des activités criminelles des groupes armés somaliens. Les importantes rançons qu'ils ont récoltées en trois ou quatre ans ont permis d'occuper une position stratégique dans le plan concocté par Al Qaîda visant la déstabilisation du Maghreb et d'une partie de l'Afrique. Ce n'est qu'une fois qu'elles ont compris la menace que les puissances occidentales se sont mobilisées pour réagir à ce nouveau phénomène que l'on croyait naïvement, isolé. A en croire les mêmes sources, la piraterie s'est avérée être une source financière des plus importantes de la mouvance islamiste. Les actes de piraterie maritime, estiment nos sources, présentent des risques pour leurs auteurs, mais constituent bel et bien une source financière dix fois plus consistante que le trafic de drogue qui, lui, nécessite plus d'efforts. Un seul acte de piraterie réussi vaut mieux qu'une année de trafic de drogue en termes de rentabilité financière. Selon toujours nos sources, il a été établi que cet argent sert avant tout à acheter des armes, et sur ce plan, les choix sont multiples et les réseaux nombreux. Cela part des régions tribales pakistanaises où existent des centaines d'ateliers de recyclage des armes en provenance des anciennes Républiques soviétiques, d'Afghanistan où les taliban ne s'avouent pas vaincus, et du Yémen où les partisans chiites de Hawthi, soutenus d'une manière ou d'une autre par l'Iran, imposent au régime d'Ali Salah une guerre fratricide qui fait peur même aux Saoudiens. Al Qaîda n'est pas encore arrivée à contrôler définitivement ce nombre impressionnant de groupes armés et de trafiquants en tous genres, elle semble, toutefois, estiment nos sources, réussir à tirer un énorme profit de cette situation qui échappe aux gouvernements de toute la région, depuis le Pakistan jusqu'en Mauritanie. Si l'Algérie, qui partage des milliers de kilomètres avec le Mali et le Niger, a relativement pu maîtriser la situation grâce à l'expérience de ses services de sécurité et aux moyens qu'elle possède, ce n'est pas le cas du Tchad ou de la Mauritanie, ni du Mali et du Niger. Ce n'est certainement pas par hasard que le Sahel est devenu su-bitement une zone à haut risque sur le plan sécuritaire. Instabilité politique, guerre civile, rivalités tribales et sous-développement sont parmi les facteurs qui ont favorisé l'implantation d'Al Qaîda dans cette zone. Un haut responsable de l'ONU, Antoine Maria Costa, soutient que ce trafic à l'est et à l'ouest est l'une des sources financières des réseaux d'Al Qaîda. En effet, cette dernière a trouvé une nouvelle arme qui n'a pas manqué de faire réagir l'Occident: les enlèvements et les prises d'otage de ressortissants occidentaux. En plus de l'aspect financier lié à ces actes terroristes, Al Qaîda joue sur l'impact médiatique et psychologique. Récemment, un Français avait été enlevé au nord du Mali et trois Espagnols en Mauritanie. Ce sont des actes concertés, effectués de la même manière en Somalie et en fait, des opérations coordonnées qui mettent en relief les nouveaux plans d'Al Qaida «bien» retranchée dans sa logique meurtrière, exercée par l'organisation de Ben Laden contre les Occidentaux afin de forcer certains régimes à dialoguer avec les mouvements armés. Dans ce contexte, l'exemple de Mokhtar Benmokhtar, un des principaux émirs du Gspc, est édifiant à plus d'un titre. Des sources sécuritaires avaient confié qu'il s'était définitivement retiré du circuit, suite à des différends avec des niveaux de la Branche armée qui ne partagent pas sa conception et sa manière d'agir. D'autres ont laissé «diffuser» l'information selon laquelle il négociait sa reddition, ce qui n'a jamais été officiellement confirmé. Par contre, d'autres sources avancent que cet émir est impliqué dans la plupart des affaires qui se passent au Sud. L'Etat somalien qui se délite et la disparition presque simultanée de ses démembrements au niveau local n'ont pas tardé à engendrer une situation explosive dans le pays, au sens propre du mot. En effet, les différents clans qui veulent accaparer le pouvoir, ont vite exploité l'immense vide administratif et juridique pour se doter de milices armées, composées en majorité de jeunes fuyant la misère et la faim. Située au bord de la mer Rouge, proche d'un Yémen plongé lui aussi en zone trouble et d'un Soudan qui est face à une instabilité chronique, la Somalie est devenue une véritable menace pour l'ensemble du continent africain. Le péril somalien qui a coïncidé avec l'apparition de la nébuleuse Al Qaîda, a donné naissance à de nombreux mouvements, dont les plus connus sont les tribunaux islamiques qui, ont, à l'instar de ce qu'on appelle le Gspc algérien, soumis leur offre de ser-vice et de sous-traitance directement à Aymen al Zawahiri, le numéro deux d'Al Qaîda. C'est dire que le trafic de drogue qui est en train de prendre des dimensions nouvelles, nourrit les réseaux terroristes, mais à cela s'ajoutent les kidnappings des ressortissants étrangers et la piraterie en Somalie. Voilà par quoi arrive à survivre la nébuleuses Al Qaîda à l'est et l'ouest du continent africain. Pour nos sources, une chose est sûre, cette organisation pourrait devenir incontrôlable et aucun Etat n'est à l'abri.