L'état a été à la hauteur de cet événement et a su gérer cette campagne comme il se doit. Le Parti des travailleurs (PT) ne tarit pas d'éloges sur la position diplomatique de l'Algérie, adoptée face à la vaste campagne de dénigrement enclenchée depuis le 18 novembre par le clan Moubarak, ses médias et organisations d'appui. La campagne n'a épargné ni le peuple algérien et ses symboles ni les valeureux martyrs. Cette diplomatie en «déphasage avec la réaction de la rue» selon beaucoup d'observateurs, est marquée, notamment par un silence assourdissant des officiels, mais «hautement appréciée» et qualifiée de «très fine», par la première dame du Parti des travailleurs. Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de son parti, Louisa Hanoune a précisé: «Nous leurs avons donné une leçon de diplomatie très fine» soulignant que «l'Etat a été à la hauteur de cet événement et a su gérer cette campagne comme il se doit». Poursuivant ses louanges, l'oratrice estime que l'Egypte est devenue dans cette affaire l'«arroseur arrosé». «Nous n'allons pas répondre sur le même ton d'insulte, ce n'est pas le propre de l'Etat algérien», juge l'oratrice qui répondait aux questions des journalistes. «Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple égyptien, ce sont les autorités et leurs relais qui sont responsables de cette crise», a-t-elle justifié encore. D'ailleurs, poursuit-elle sur la même lancée «ils (les Egyptiens) sont en train de s'entretuer». En revanche, chez nous, bien entendu, c'est la sérénité et la clairvoyance. «Jamais je n'ai pensé qu'il y aurait autant de maîtrise et de maturité», indiquera-t-elle encore. Toutefois, le maintien de l'état d'urgence est-il justifié? s'interroge la secrétaire générale du PT, qui nie le fait qu'il y ait un dispositif d'état d'urgence mis en place. «La manifestation spontanée de milliers d'Algériens, qui s'est produite après la victoire des Verts aux dépens des Egyptiens, a marqué, de fait, la fin de ce qui reste de l'état d'exception.» «Cette manifestation est la plus grandiose que nous ayons vue depuis le début des années 90 jusqu'ici», indique l'oratrice. Cette dernière reconnaît toutefois «qu'on n'est pas tout à fait sortis de la tragédie puisque subsistent encore des groupes armés». Ainsi, selon la conférencière, «le droit à la grève et de manifester est réhabilité de fait par cette manifestation en sachant que le rassemblement des enseignants n'était pas réprimé». «La période de la tragédie nationale ainsi que le règne du parti unique sont une parenthèse qu'il faut absolument fermer», conclut Mme Hanoune. Evoquant les sénatoriales, la responsable du PT affirme qu'aucun accord n'a été encore signé avec les directions du RND et du FLN. «Le RND a été le premier à prendre attache avec nous et nous avons tenu des discussions autour du contenu de l'accord» ajoute-t-elle. «Il était convenu que nous fassions éventuellement des reserves dans le cas où des affairistes se portaient candidats, comme nous opposions un niet à toute tentative de corruption», explique l'oratrice. Dans ce contexte, tout en faisant état des contacts officieux avec un groupe de 10 parlementaires d'obédience FLN, elle révèle qu'une rencontre officielle autour des sénatoriales se tiendra aujourd'hui avec le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Par ailleurs, Mme Hanoune déplore la censure systématique réservée aux amendements du PT par le bureau de l'APN.