La porte-parole du parti des travailleurs (PT) n'a pas tari d'éloges hier sur la position affichée par les officiels algériens face au flot d'insultes et autres provocations des médias et politiques égyptiens. À contre-courant de quelques voix diffuses, il est vrai, qui jugent la position des autorités de “molle”, Louisa Hanoune soutient que “l'Etat algérien a su gérer la situation”. “Nous avons apprécié la position des autorités. C'est une leçon de diplomatie. Il ne fallait pas répondre à l'insulte”, a-t-elle estimé hier lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti à Alger. “La position officielle nous arrange. L'Etat a répondu comme il fallait. Ce sont plutôt les autorités égyptiennes qui sont éclaboussées”, a-t-elle dit encore non sans ajouter avec une fierté non dissimulée que “le peuple algérien a vaincu même dans les blagues”. Au secrétaire d'Etat égyptien chargé des affaires juridiques qui vient de conditionner le retour de l'ambassadeur de son pays en Algérie aux compensations financières et autres excuses publiques que devraient fournir les autorités algériennes, Louisa Hanoune, avec un talent qu'on ne lui connaît pas, recourt à l'ironie. “On n'a pas d'argent à leur offrir. L'Egypte doit prendre ses responsabilités devant son peuple. Qu'elle voie le FMI, Israël ou les Etats-Unis !” a-t-elle ironisé. “Notre diplomatie n'a pas fauté”, a-t-elle encore précisé. Seule ombre au tableau, aux yeux de la pasionaria algérienne, dans le chassé-croisé entre Alger et Le Caire, l'accord conclu entre la Sonatrach et deux sociétés d'hydrocarbures égyptiennes, à l'issue de la visite du ministre de l'énergie et des mines, Chakib Khellil. “On n'a pas compris l'accord de Chakib Khellil. Bien sûr, nous n'avons pas de position là-dessus et nous ne sommes pas pour la rupture, mais nous ne comprenons pas”, a-t-elle affirmé. Mais ces bons points distribués à la diplomatie ne doivent pas occulter le rôle qui échoit désormais aux autorités nationales pour prendre en charge les problèmes de la jeunesse, suggère Louisa Hanoune. Car l'euphorie qui a accompagné l'historique qualification des verts au mondial sud-africain, un moment d'affirmation “de notre homogénéité” et de “notre identité”, commande aux politiques de méditer les messages délivrés par la jeunesse. “Il nous faut capitaliser tout ça”, a martelé Louisa Hanoune non sans considérer, à juste titre d'ailleurs, que “c'est une bombe à retardement”. Louisa Hanoune, dont la sortie survient quelques jours après la tenue d'un congrès de l'organisation des jeunes pour la révolution (OJR) – une structure affiliée au parti –, a comme de coutume tiré à boulets rouges sur le parlement. “Il ne faut rien attendre de ce parlement”, a-t-elle décrété en plaidant pour de grandes réformes politiques dans le pays. Sur la loi de finances, elle estime qu'“il n'y a pas de recul par rapport à la loi de finances complémentaire”, et qu'elle reste toujours favorable “à des mesures hardies” pour protéger l'économie nationale. Quant au recul affiché par les patrons étrangers par rapport à la LFC, la patronne du PT estime qu'“ils n'ont pas le choix”. Enfin, sur les sénatoriales prévues dans un peu moins de trois semaines, elle a indiqué que “des discussions sont toujours en cours avec le RND et le FLN pour d'éventuels accords politiques”. “Mais on refuse d'appuyer les hommes d'affaires. Il faut séparer entre le monde des affaires et la politique”, plaide-t-elle en révélant qu'un débat sur le sujet est en cours au niveau du ministère de l'intérieur.