La grippe porcine fait des victimes collatérales. Le directeur de l'IPA en fait les frais. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière M.Saïd Barkat, a décidé de limoger le professeur Mohammed Abadi, directeur de l'Institut Pasteur d'Alger (IPA). Cette décision survient au moment où les vaccins contre le virus H1N1 de la grippe porcine sont en cours d'importation et de contrôle au niveau de l'IPA. Ce genre de décision n'est pas sans susciter l'inquiétude de la population déjà sujette à la panique. Selon une source bien informée au département de Saïd Barkat, ce dernier reproche au directeur limogé de «ne pas avoir appliqué les recommandations de la tutelle». Des recommandations, ajoute la même source, qui sont relatives, entre autres, à la gestion du dossier du vaccin contre la grippe saisonnière et celui contre la grippe porcine. Dans ce contexte, rappelons que l'Algérie n'a importé que 1,6 million de doses du vaccin saisonnier, ce qui a privé une grande partie des personnes ciblées de se faire vacciner. Pour ce qui est du vaccin contre la grippe porcine, l'Algérie n'a reçu que 900.000 doses comme premier lot, alors que la réception du reste de la quantité totale se fera par échelonnement sur une période de cinq mois. La décision a été motivée aussi par la rupture, ajoute-on, du réactif, un produit utilisé pour les examens des prélèvements pour la grippe porcine. Il est reproché également au Professeur Mohammed Abadi la non-application des recommandations du ministre concernant l'acquisition de matériel médical. Ces acquisitions concernent, notamment deux appareils de PCR pour la détection des ARN des virus des hépatites B et D dans le prélèvement biologique et des analyses. Ils devaient être placés au niveau des unités post-aiguës de Constantine et d'Oran. Le limogeage du directeur de l'Institut survient à ce moment précis où la pandémie de la grippe porcine gagne du terrain à une allure fulgurante. Pourquoi la décision n'a-t-elle pas été rendue officielle? Et enfin, pourquoi dire que le vaccin contre la grippe saisonnière était en rupture de stock alors qu'il y a quelques jours seulement, il a été cédé au niveau de certains hôpitaux sous le manteau? Décidément, ce sont là des questions qui embarrassent le ministère qui maintient le flou alors que 36 millions d'Algériens ne demandent qu'à être rassurés.