Des dizaines de milliers de manifestants à Copenhague et dans 130 autres villes dans le monde ont participé hier à d'immenses rassemblements pour protéger la planète. Une marée humaine s'est levée hier dans 130 villes du monde pour réclamer un accord juste, ambitieux et contraignant aux délégués de la Conférence sur le climat de Copenhague où étaient attendues des dizaines de milliers de personnes. La capitale danoise accueille, jusqu'au 18 décembre, les délégués de 193 pays, chargés d'aboutir à cet accord qui devra entrer en vigueur le 1er janvier 2013. La région Asie-Pacifique, qui abrite de nombreux Etats, dont des îles, particulièrement vulnérables au réchauffement, a donné le coup d'envoi avec des dizaines de milliers de personnes mobilisées, dont 50.000 en Australie. A Copenhague, les premiers rassemblements se sont formés dans le calme et le froid. Des milliers de personnes étaient regroupées devant le Parlement, point de départ du cortège avant que celui-ci n'arrive devant la direction du Bella Center, où se déroulent les négociations à 6 km au sud de la ville. Un manifestant, déguisé en Père Noël, prévenait avec une pancarte que le réchauffement va près de deux fois plus vite en Arctique: «Mon Rudoph (son renne) ne peut plus le supporter». La police, sur les dents par crainte de débordements de la part de groupuscules ultra, restait discrète mais les hélicoptères des forces de l'ordre tournaient dans le ciel. La police annonçait plus de 50.000 manifestants. Les organisateurs - plus de 500 ONG - indiquaient de 60.000 à 80.000, venus en car et en train des grandes villes d'Allemagne, de Londres, d'Amsterdam ou encore de Milan. Le chef adjoint de la police, Per Larsen, a lancé une nouvelle mise en garde aux éventuels casseurs: «Il y a des limites à ne pas dépasser», a-t-il prévenu, visant particulièrement le groupuscule d'extrême gauche «Never Trust a Cop», qui a appelé à une manifestation «anticapitaliste» au centre-ville. Sa mise en garde est également destinée au mouvement altermondialiste Climate Justice Action, qui appelle à la «désobéissance civile» et entend «faire du bruit» sous la bannière: «Changez le système, pas le climat». La veille, 75 personnes avaient été interpellées dont trois - deux Britanniques et un Français - ont été expulsées hier. Près de 3000 personnes, pour la plupart en imperméable bleu ciel, ont formé un premier rassemblement dans la matinée d'hier à l'appel des Amis de la Terre, qui entendent former des «marées bleues» pour la «justice pour le climat». A Sydney, Melbourne ou Canberra, les manifestants arboraient également des lacets bleus. «Toute la semaine, nous avons entendu une série d'excuses de la part des pays du Nord, responsables de la crise écologique», expliquait Lidy Nacpil, militante philippine de la Jubilee South Coalition à Copenhague. «Aujourd'hui, nous descendons dans les rues pour demander réparation de la dette écologique en faveur du Sud.» Pour la première fois dans l'histoire de la diplomatie climatique, née en 1992 avec l'adoption de la Convention de l'ONU, le mouvement altermondialiste s'est rapproché des organisations environnementales. L'eurodéputé français José Bové, figure de l'altermondialisme, a indiqué être venu pour «lier justice climatique et justice sociale»: «aujourd'hui, il n'y pas de coupure entre le combat contre le réchauffement climatique et le combat pour un autre monde.» L'organisation Oxfam a mobilisé plusieurs personnalités, dont le mannequin danois Helena Christensen, la chanteuse béninoise Angelique Kidjo, l'ancienne commissaire de l'ONU aux réfugiés Mary Robinson, qui devaient s'adresser à la foule au départ du cortège. En fin d'après-midi d'hier, l'ancien archevêque sud-africain du Cap Desmond Tutu a participé à une veillée aux chandelles au Bella Center. A Manille, la couleur choisie par les manifestants était plutôt le rouge, «en signe ‘‘d'alerte rouge''» sur le climat, justifiait Ali Obusan, de Greenpeace Philippines.